Poème : Mourir au pouvoir !
Par le vent des « indépendances nationales »,
Ils sont arrivés en « patriotes libérateurs »,
« Pères de la nation » ;
Le peuple a applaudi !
Par le fer et le sang,
D'autres sont arrivés en « justiciers révolutionnaires »,
« Timoniers nationaux », « Guides éclairés » ;
Le peuple a applaudi à tout rompre.
Mais soudain, tous eurent le même rêve :
Mourir au pouvoir !
Et commença alors la tragédie de la médiocratie !
Pour contenir la colère du peuple désabusé,
Ils s'entourèrent de généraux serviles et infâmes ;
L'Armée du peuple devint une garde familiale,
A la solde d'un pouvoir à jamais héréditaire.
Pour leur fabriquer le lit de l'inamovibilité,
Ils achetèrent des intellectuels médiocres ;
La joie dans le ventre, la bouche puante de mensonges,
Ils le firent en se disputant les miettes du gâteau.
Pour perpétuer leur règne,
Ils transformèrent leurs peuples en bétail électoral.
Et « en attendant le vote des bêtes sauvages » ,
Ils firent de leurs descendants, les héritiers du trône.
Mourir au pouvoir en exil !
Mourir au pouvoir dans un hôpital lointain !
Mourir au pouvoir entre le ciel et la terre !
Mourir au pouvoir dans un fauteuil roulant !
Mourir au pouvoir criblé de balles,
Un matin, dans le palais royal !
Tel est leur rêve !
Le rêve du pouvoir à vie !
Le rêve du pouvoir à mort !
Frédéric Koulanswonthé PALÉ
Université de Ouagadougou
Du titre de l'ouvrage d'Amadou KOUROUMA (1998) : « en attendant le vote des bêtes sauvages ».
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