Gouvernement de la transition : Des élections, oui ; mais le quotidien des Burkinabè d'abord !

Publié le lundi 29 décembre 2014

Il est établi que l'objectif principal des autorités de la transition de douze mois se rapporte à l'organisation réussie d'élections en 2015. Elles sont aussi attendues, entre autres, sur le terrain de la traque à la corruption, sur le terrain de l'offre de justice. Mais avant tout, il leur incombe de faire en sorte que les Burkinabè vivent, à défaut de mieux vivre par rapport à l'ère pré-insurrectionnelle. Et pour qu'il en soit ainsi, il faut que le gouvernement apporte des satisfactions conséquentes à leurs besoins quotidiens. De ces besoins, fait partie le gaz butane. Mais depuis plus d'un mois, pour avoir au quotidien cette source d'énergie si capitale, c'est la croix et la bannière.




Le gaz butane constitue plus de 8% de l'énergie consommée au Burkina. Son utilisation a été vivement encouragée, au détriment du bois de chauffe et du charbon de bois. Toute chose qui a facilité son utilisation quotidienne aussi bien en ville qu'en campagne. Les ménages y sont habitués au point que les périodes de pénurie que connaît sa disponibilité créent des désagréments non négligeables.

Mais avec l'augmentation du prix d'acquisition de la recharge des bouteilles – une augmentation officialisée le 3 mai 2013 – l'on croyait pouvoir tourner la page de ces périodes de pénurie. A cette date en effet, il a été porté à la connaissance de l'opinion publique que les prix de recharge passent de 1 560 FCFA à 2 000CFA pour la bouteille de six kilos. Et de 4 000 FCFA à 5 000 FCFA pour les bouteilles de douze kilos et demi. Ces augmentations appliquées, les pénuries continuent ; malheureusement, de plus belle.


Message quotidiennement servi aux détenteurs de bouteilles vides, « pas de gaz »


Et l'on avait également pensé que le limogeage de l'ex-directeur général de la SONABHY, Boukary Jean-Baptiste de la Salle Béréhoundougou par le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, visait, au-delà d'autres considérations évoquées ici et là, à prévenir les pénuries de gaz, devenues particulièrement récurrentes aux lendemains de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Bien au contraire. Il y a maintenant plus d'un mois que l'on voit des gens tourner à longueur de journée, à la recherche de cette source d'énergie vitale.

Or, le 3 décembre dernier, dans un communiqué laconique, la Direction générale de la nationale des gaz annonçait la fin du calvaire dans une semaine à compter de cette date. Et voilà que plus de trois semaines après, le manque de gaz va de mal en pis. Dans tous les points de vente, le message lancé est le même, « pas de gaz » ; surtout les bouteilles estampillées SODIGAZ. Pourtant, au rang des distributeurs agréés auprès de la SONABHY, c'est cette entre entreprise, STD SODIGAZ qui détient environ 66% du marché ; tandis que Total s'en tire avec 20%, ORYX environ 10% et PETROFA environ 2%.


Des boutiques disposant de monopole de fait


Néanmoins, des points de vente dans des coins retranchés, semblent disposer d'un monopole de fait dans la redistribution des bouteilles SODIGAZ. De ceux-ci, on en trouve dans les environs du Ciné Nerwaya au niveau de la Cité An III. On en trouve également dans le quartier Somgandé, jouxtant le siège du MBDHP. Si le premier semble être habituellement ravitaillé les nuits pour commencer la livraison aux longues files d'usagers vers sept heures du matin, le second est desservi en milieu de journée.

Au niveau de l'un comme de l'autre de ces points, c'est le calvaire : de longues heures d'attentes peu rassurantes sur fond d'arrogance des agents commis à la distribution. Soit dit en passant, il est impératif que les autorités de la transition travaillent à faire en sorte que les usagers des services publics ne fassent plus les frais de l'arrogance de la part de ceux qui doivent leur rendre lesdits services. Il ne faudrait plus que l'usager du service public soit regardé et traité comme un mendiant. Que ceux qui sont commis à rendre un tel service ne se conduisent plus en quidam intouchables. Rien que le dimanche 28 décembre 2014, un d'eux lançait d'un ton sec accompagné de gestes manuels de refoulement, à ces nombreuses personnes ayant longtemps fait le pied de grue devant le point de vente à la cité An III, « allez-y, y a plus gaz, c'est fini ! »


Bouteilles de six kilos à 3 000 FCFA

Mais la réalité, c'est que dans le camion d'où les usagers chanceux ont été servis, des bouteilles de gaz se trouvaient encore. Et ce restant, c'est pour le super business dans le business. En effet, pendant que des ménages négocient vainement une seule bouteille rechargée, des motos tricycles viennent à des heures indues, ou se positionnent à des endroits lugubres quand il y a encore du monde, pour repartir bien pleines de bouteilles chargées. Ce sont des bouteilles qui sont livrées, celles de six kilos par exemple, à 3 000 FCFA au lieu de 2 000 FCFA.


Le gouvernement de la transition doit savoir que cela n'est pas acceptable, et réagir conséquemment. Il gagnerait à démanteler tous ces réseaux de monopoles tordus, jusqu'aux minables mais démesurément véreux revendeurs. Mieux, il lui appartient non seulement de considérer la question du gaz au même d'égalité que l'électricité, l'eau, les vivres, mais surtout de les rendre accessibles quotidiennement. Car, c'est dans un climat de satisfaction du quotidien des Burkinabè que les élections tant attendues, peuvent être sereinement préparées. A bon entendeur, …


Fulbert Paré

Lefaso.net





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