Transition politique : Appel des mouvements et associations de jeunesse à une véritable prise en compte des aspirations des jeunes
Ceci est une déclaration d'organisations de jeunesse sur la situation nationale. Elle est signée par le Réseau Afrique Jeunesse (RAJ) et le Mouvement Burkinabè pour le Développement et le Civisme (MBDC) et est soutenue par une trentaine d'autres organisations.
Le peuple burkinabè, dans toutes ses composantes (société civile, politiques, syndicats, jeunes, femmes…) s'est mobilisé contre la tentative de monarchisation et la totale patrimonialisation du pouvoir par le clan Compaoré. Les maux qui gangrenaient ce système au point de le rendre rébus étaient notamment, la corruption, l'impunité, la gabegie, le parjure et la non prise en compte des aspirations profondes de la population notamment les jeunes. Cette mauvaise gouvernance a atteint des seuils inouïs.
A travers des déclarations antérieures, nous avons régulièrement dénoncé ces situations déplorables et interpellé les autorités du pays ainsi que les différentes chancelleries installées au Burkina Faso sur les dangers futurs. Plus récemment, nous avons dénoncé la tentative de modification de l'article 37, qui à notre sens était porteuse de germes d'instabilité et d'atteintes graves aux droits humains pour notre pays. Malheureusement, l'entêtement du régime sortant a conduit à ce qui a été constaté ces derniers jours dans notre pays.
Le bilan est lourd avec environ une trentaine de morts et plus de 200 blessés. C'est le lieu pour nous, organisations de la société civile, d'exprimer notre compassion aux familles des victimes et rendre un vibrant hommage à ces « martyrs » tombés pour la liberté et la démocratie. Nous adressons également nos vives félicitations à l'ensemble des forces (civiles et militaires) qui ont su se mobiliser pour bien conduire cette étape.
A travers cette déclaration, nous saluons particulièrement la mobilisation et la détermination de la jeunesse, qui fut un facteur déterminant dans l'aboutissement de la lutte. Il convient aussi de rappeler que cette frange de la population a été longtemps délaissée ou mise en retrait des processus de prise de décision et de prise en compte de ses préoccupations. Tout en souhaitant que la phase de transition civile dans laquelle nous entrons bientôt soit la mieux conduite pour aboutir à un processus consolidé après les élections transparentes de novembre 2015, nous interpellons l'ensemble des acteurs à avoir un regard particulier sur la jeunesse à deux principaux niveaux :
1- Prendre en compte comme prioritaire et au plus haut niveau les préoccupations en lien avec la jeunesse, à savoir l'éducation, la santé, la formation professionnelle, l'emploi.
2- Responsabiliser les jeunes à tous les niveaux de la transition. Cette responsabilisation s'entend par l'implication des jeunes dans les processus en cours et leur présence effective au sein des différents organes (gouvernement, conseil national de transition…) de la transition à travers l'adoption et la mise en œuvre d'un quota de 30%.
La mise en œuvre de ces propositions ne sera que justice à une génération qui dispose d'un potentiel non exploité, de contribuer au développement de notre pays et a qui a su assumer sa part historique dans la bataille contre l'imposture. La jeunesse a démontré sa maturité et sa prise de responsabilité doit être reflétée dans la transition pour assurer que le message a été bien compris.
En tout état de cause, la jeunesse ne doit plus être perçue comme l'avenir, mais comme le présent de notre pays. A ce titre elle a le devoir de contribuer à son développement et la communauté doit lui en donner l'occasion dans un souci de durabilité des acquis engrangés.
Pour les Mouvements et Associations de Jeunesse,
Le Réseau Afrique Jeunesse (RAJ)
M. Daniel Da HIEN
le Mouvement Burkinabé pour le Développement et le Civisme (MBDC)
M. Fousseni OUEDRAOGO
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