Lettre ouverte au Lieutenant-colonel Yacouba Issac ZIDA .Et à l'ensemble des forces vives du Burkina

Publié le mercredi 12 novembre 2014

En ce moment historique de notre pays dont la vocation naturelle est illustrée sa dénomination,

Burkina Faso, il est nécessaire que tous les enfants du pays apportent avec humilité mais avec

conviction leur contribution à l'écriture de cette histoire. C'est en ce sens que nous venons par

cette lettre ouverte pour tenter d'attirer l'attention des grands acteurs du moment sur certains

aspects qui auraient pu les échapper.




Sur ce qui vient de se passer dans notre pays, ne nous trompons pas de diagnostique au risque

de ne pas prévenir suffisamment les prochaines crises. Le soulèvement populaire a été

enclenché par la soif réelle d'un changement. Il ne serait pas juste de réduire cette quête de

changement à la seule alternance à la tête de l'État. L'expression dit que « l'arbre ne doit pas

cacher la forêt. » En effet, l'envie fortement exprimée depuis des années de se séparer du

Président Compaoré était présente, la volonté d'avoir une autre politique était tout aussi forte.

Depuis combien d'années les sessions académiques sont décalage ? Qui a un minimum de

capacité et qui laisse ses enfants étudier au Burkina ? Les jeunes déscolarisés ou non instruites,

combien d'entre eux travaillent dans des conditions proches de l'esclavage – sans sécurité, ni

protection sociale, souvent avec des arriérés de salaires de plusieurs mois, sans le moindre

recours ? Qui n'a pas entendu parler de la multiplication des actes d'incivisme ? Un banal

accident de circulation peut vite susciter des menaces de lynchage… Il y a de la colère, il y a de

l'amertume dans cette jeunesse. Cette jeunesse qui a accepté de payer une lourde tribu est

désormais consciente de ses capacités. Cette conscience est à apprécier dans toutes ses

facettes.


Ce constat qui n'apparait pas encore dans la version de la Charte de la Transition rendue

publique. Cela nous a motivé à tenter une intervention par cette voie de la lettre ouverte. Car la

Transition ne doit pas se concentrer uniquement sur les questions institutionnelles qui sont

certes essentielles mais pas suffisantes. La question de l'insertion socioprofessionnelle des

jeunes est la trame de fond de cette profonde crise. Et lorsque l'on parle de jeune dans le cas du

Burkina l'on parle de près de 70% de la population soit de l'écrasante. L'avenir de la nation en

dépend directement et les institutions futures quelques soient leurs assises de pourront

contenir les rancoeurs et la révolte de cette masse qui se cherche et tire le diable par la queue.


Ce soulèvement populaire, cette révolution, doit profiter immédiatement à la population et

surtout à la jeunesse. Il n'est pas question de laisser cette question cruciale aux seuls partis

politiques qui viendraient à accéder au pouvoir pendant à l'issue des élections à venir. La

Transition est une période idéale pour rassembler l'ensemble des forces vives autour d'un

consensus pour s'entendre sur un programme général mais suffisamment concret pour


répondre aux besoins des jeunes. Ce programme de large consensus serait alors mis en oeuvre

selon l'approche et les valeurs idéologiques propres à tel ou tel autre parti qui prendrait la tête

de l'État. Le Président de la Transition ainsi que l'Assemblée nationale de la transition, devront

avoir aussi pour mandat – cela mérite d'être dans la charte – de convoquer des assises

nationales sur la jeunesse. Il faudra veiller à ce qu'il ait un changement perceptible faveur de

cette jeunesse grouillante d'impatience. Cela ne peut être des « mesurettes ».


Soyons clair, si comme leaders d'un peuple à la croisée des chemins, nous ne prenons pas de

mesures audacieuses pour offrir à la majorité de notre population des raisons d'espérer, nous

aurons manqué notre rendez-vous. A Dieu ne plaise, car Lui seul sait à quand et à quelle

ampleur sera le prochain soulèvement.


Vive le Burkina Faso qui n'a d'autre vocation que d'être réellement la patrie des hommes et des

femmes dignes et intègres en bonne intelligence avec les autres peuples.


Je vous remercie.


Le 12 novembre 2014.


Moussa SINON


(sinon_m@hotmail.com)


PS : Le Programme du Conseil national de la Résistance française(1944) et Les assises nationales


du Sénégal(2009) sont des sources d'inspiration quoique nous puissions et devrions exceller et

aller plus loin.





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