Félicitation à notre nouveau Président ! Bonjour aux changements audacieux !
Le Collège de désignation a fait un brillant travail, et bien avant elle, l'Armée, pour son choix avisé en amont, porté sur Monsieur Michel Kafando, Docteur - en Science juridique et politique -, diplomate de carrière et septuagénaire, - comme pour traduire la sagesse. Voici un cumul de trois attributs conjugués à d'autres, que le collège sélectionneur a jugé comme atouts majeurs, pour les défis immenses à relever à la tête de notre nation, dans ce contexte précis, fait de demandes sociales multiples et d'attentes importantes de justice.
Profil rare, pour un contexte exigeant
A la prise de connaissance des profils requis dans la Charte de transition pour occuper le poste du Président de la transition, beaucoup se sont interrogés à savoir, où trouver cet « oiseau rarissime » ? Une question d'autant plus légitime qu'en lieu et place de neuf candidatures attendues au total comme proposition des trois composantes (partis politiques, société civile et forces armées et de sécurité), ce n'est que 4 candidatures distinctes qui seront enregistrées, à l'ouverture des plis. C'est le signe que pour présider aux destinées de notre nation, surtout en contexte insurrectionnel dégoûté de ce qui rappelle l'ancien régime Compaoré et prônant le changement, il faut des qualités rares ! Par conséquent, il fallait bien fouiller dans tous les répertoires, nouveaux comme anciens et bien chercher (...).
Enseignements à tirer : les vertus de l'alternance et la nécessaire promotion de la carrière internationale des jeunes générations
Ce cumul de qualités, qu'il convient d'admettre comme rare chez nous, loin d'être un motif de fierté et de satisfaction, met paradoxalement au goût du jour, l'importance de renforcer le capital humain, de promouvoir la formation académique poussée et l'insertion de la jeune génération compétente, dans les circuits professionnels internationaux pour des carrières internationales, - indépendamment de leurs opinions et appartenances politiques. Ce choix a des avantages certains pour toute la nation. Cela pourrait constituer un axe prioritaire de gouvernance pendant la transition et surtout après. En effet, comparé de façon empirique à d'autres pays de la sous-région comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal, le Burkina Faso réalise une performance trop faible en termes d'effectif d'internationaux (…). C'est en partie, les conséquences d'un régime qui dure trop au pouvoir (27 ans), sans alternance. Avec une telle longévité au pouvoir, il devient quasiment improbable, de trouver certains cadres compétents, solides sur les jambes, notamment à l'échelle internationale, dans la carrière de diplomate, qui n'ait pas servi la nation, sous la gouvernance du régime déchu ! Qu'on ne se leurre donc pas, l'important dans ces cas de figure, est que les services jadis rendus à la nation fussent noblement rendus, comme certains citoyens intègres parmi nous, le faisaient en tant que magistrats, médecins, enseignants, bref, cadres de l'Administration publique.
La nécessité d'accompagner les organes de la transition par leur ouverture en retour
Après ce choix délicat et difficile, place est faite à de nouvelles appréhensions, toutes aussi légitimes : le nouvel élu, pourra-t-il réussir face à l'immense tâche de corrections et de salubrité publique qui l'attendent ? Une telle inquiétude n'a en fait rien de particulier. On a souvent peur du nouveau. On a souvent peur de l'inconnu. Et la vérité est que jusqu'à sa désignation par le Collège, notre nouveau Président était peu connu du grand public, chose que certaines opinions ont relevé comme atout ayant prévalu d'ailleurs à son choix. Avec une opinion politique très cristallisée ces dernières années, était-il aisé d'être suffisamment affiché, sans courir le risque de suspicion d'appartenir à un camp ou à un autre ?
Mais en même temps que les appréhensions et questionnements sont soulevés, ceux-là mêmes qui les soulèvent, sont sans doute, nombreux à convoiter ce prestigieux poste pour eux-mêmes. C'est clair, rares sont ceux qui se feront prier pour occuper ce prestigieux poste, sans même se soucier de leurs profils, de leurs compétences et du travail à abattre ! Dirait l'autre : qui est fou ?
Cette attitude caractéristique de l'Homme, est le signe que nous sommes toujours indulgents quand notre propre personne est en jeu, ou en cause. Cette préférence pour soi-même à la limite égocentrique, se trouve cependant confrontée à une contrainte absolue ici ! C'est cette réalité, qui est que nous ne pouvons pas tous être le Président de la transition dans l'intérêt supérieur de notre nation. Autrement, le risque est grand, de tomber dans les travers de la démocratie populaire ou directe, une démocratie populaire décriée par deux figures emblématiques de l'Antiquité, à savoir, Platon et Aristote.
Ce constat, au-delà du poste de Président, demeure valable pour toutes les situations où le nombre de postes à pouvoir reste limité face à un nombre impressionnant d'aspirants, notamment, notre nouveau Gouvernement de 25 membres (avec à sa tête le Premier Ministre) et notre Conseil national de transition (CNT), comprenant 90 membres.
Si l'on n'y prend garde, certaines tendances « populistes » risquent fort de parasiter le processus de désignation des membres du CNT et, impacter négativement sur le travail législatif à opérer et en dernier ressort, sur le changement tant attendu par le peuple (…).
Par ailleurs, ceux qui n'auront pas l'occasion de faire partie de ces organes, auront, de multiples autres voies pour participer aux prises de décisions et à l'action publique, pour peu que les organes de transition restent attentifs à ces modes de participation et s'y ouvrent. C'est en cela que la démocratie représentative trouve toute sa signification. C'est aussi ce qui fonde la nécessaire légitimité des organes représentatifs auprès des citoyens représentés.
Cette réalité, doublée du fait que notre nouveau Président exerce pour la toute première fois cette haute fonction, commande chez chaque citoyen, eu égard aux défis immenses et à l'intérêt supérieur de la nation, d'apporter sa contribution, et si critique il y a de sa part, qu'elle soit constructive, et non destructrice ! En retour, l'efficacité de cette participation citoyenne constructive, commande aux organes dirigeants, de mettre en place des mécanismes de communication interactifs ascendants et descendants, suivis d'attentions. Ces mécanismes n'existant pas toujours dans la charte ni dans la Constitution, ils appellent à être inventés. Nous savons par exemple que via les médias (en ligne, sur papier, à la télévision ou à la radio), nos concitoyens compétents de bonne volonté, diffusent très souvent de très belles idées.
En attendant de rentrer en plein dans le vif de l'exercice du mandat présidentiel sur le terrain à lui confié, notre nouveau Président du Faso mérite que toute la nation le rassure de son soutien, et lui adresse ses vives félicitations !
Ouagadougou, le 19 novembre 2014.
Idrissa DIARRA
Géographe politologue
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/F).
Cel : (+226) 66 95 04 90
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