Distinction honorifique : Le Lt- Colonel Zida Grand-Croix « exceptionnel » ?

Publié le mercredi 19 novembre 2014


Pourquoi le Lieutenant- Colonel Yacouba Isaac Zida a été élevé à la Dignité de Grand-Croix de l'Ordre national ? Pourquoi cela s'est passé loin de la traditionnelle fête de l'indépendance ? Quel dispositif réglementaire a encadré l'événement ? Bien de questions nous taraudaient l'esprit pendant et après la cérémonie de ce mardi matin. Le grand Chancelier non disponible et la personne ressource de ses services absente quand nous y étions, nous avons retrouvé sur le site web de la Grande Chancellerie des Ordres burkinabè un décret qui répond à certaines de nos préoccupations : le décret N° 2009_185_/PRES/GC du 15 avril 2009.




Aussi bien dans l'ordre national que dans l'ordre du mérite, il convient de rappeler qu'il existe deux Dignités et trois Grades : la Dignité de Grand-Croix, la Dignité de Grand Officier, le Grade de Commandeur, le Grade d'Officier et le Grade de Chevalier. Le Lieutenant- Colonel Zida a reçu la distinction honorifique la plus élevée. Un détail intéressant de cette distinction, à en croire le décret : le Président du Faso est élevé à la même dignité le jour de son investiture, à la différence près qu'il reçoit en plus le collier qui fait de lui le Grand Maître des Ordres Nationaux. Avec en appoint cette déclaration du Grand Chancelier des Ordres burkinabè : « Monsieur le Président du Faso, nous vous reconnaissons comme Grand Maître des Ordres burkinabè ».


Beaucoup de prétendants, très peu d'élus


Accéder à la Dignité de Grand-Croix suppose un profil des plus respectables. Le concours est très sélectif et c'est peu dire. Tenez ! Sauf erreur ou omission de notre part, aucun mérite n'a été jugé digne de recevoir cette distinction depuis trois ans. Dans les détails le compteur affiche : en 2011 zéro « Grand-Croix », un « Grand Officier » en la personne du Premier ministre d'alors Luc Adolphe Tiao ; en 2012 zéro « Grand-Croix », deux « Grand Officier », 24 « Commandeurs » ; en 2013, zéro « Grand-Croix », zéro « Grand Officier », 27 « Commandeurs » dont des proches du Président du Faso d'alors tels François Compaoré son conseiller économique, le Général Gilbert Diendéré son Chef d'Etat- Major particulier, le Colonel-Major Boureima Kéré le Chef de corps du Régiment de la Sécurité Présidentielle.


Pourquoi le Lieutenant- Colonel Yacouba Isaac Zida ?


L'Ordre national, dit- on, est destiné à récompenser le mérite personnel et les services éminents, civils ou militaires rendus à la Nation. A des conditions clairement définies par les textes. Les articles 15, 16 et 18 du décret sus- cité sont très précis sur le sujet, « Les admissions dans les ordres ont lieu à titre normal, exceptionnel ou posthume.


- Sont proposés à titre normal :

- les candidats de nationalité burkinabè qui remplissent les conditions édictées par

l'article 16 ;

- Sont proposés à titre exceptionnel :

* les nationaux qui ne remplissent pas les conditions requises de temps de service ou d'ancienneté de grade ou de dignité pour être proposés à titre normal mais justifiant de services extraordinaires rendus à la nation ;

* le Premier Ministre est élevé à la Dignité de Grand Officier six (06) mois après sa nomination ;

* les Présidents d'Institutions et les Présidents des Hautes-Juridictions sont promus au grade de Commandeurs de l'Ordre national deux (02) ans après leur nomination.

* les étrangers qu'ils soient domiciliés ou non au Burkina Faso.

- Sont proposés à titre posthume :

…..

Article 16 : Nul ne peut être admis dans les Ordres avec un grade autre que celui de

Chevalier.


En temps de paix, pour être admis dans les Ordres , il faut avoir exercé pendant quinze


(15) années avec distinction des fonctions publiques, civiles ou militaires ou justifier de quinze (15) années de pratiques professionnelles distinguées du secteur privé. Il faut en outre être de bonne moralité et jouir de ses droits civiques. Le point de départ de ces états de service ne peut en aucun cas être antérieur au jour où le candidat a eu dix-huit (18) ans révolus.


Article 18 : Il peut être dérogé aux conditions fixées à l'article 16 ci-dessus, pour l'admission ou l'avancement dans les Ordres, dans le but de récompenser les actes d'héroïsme, les actions d'éclat, les cas de blessures graves ou d'infirmités contractées au service de la nation ou les services éminents rendus au pays. »

La récompense pour les services extraordinaire rendus à la Nation ?

Le Lieutenant- Colonel Zida est récipiendaire de deux décorations à ce jour : La médaille d'honneur militaire et la Médaille commémorative avec agrafe RDC. Aucune distinction dans l'Ordre national auparavant même si, précisons- le, ces distinctions viennent juste après celle de l'Ordre national du point de vue de l'Ordre hiérarchique. Juste avant la catégorie de l'Ordre du Mérite. A cette exception s'ajoute celle qui a autorisé la distinction en dehors du cadre de la fête nationale. Le cas Zida passe donc pour être un condensé d'exceptions et l'on peut légitimement opiner que tout s'est joué sur ce que le décret qualifie de « services extraordinaires rendus à la nation », « actes d'héroïsme » ou encore « actions d'éclat ».


Samuel Somda

Lefaso.net





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