Erick Hector Hounkpê :  « Avec le Fitheb Migratoire nous comblons le besoin de loisirs dans les localités »

Publié le lundi 29 août 2016

Lancé depuis le mercredi 25 mai à Natitingou, le Fitheb Migratoire encore appelé Fitheb Xwexi  2016 continue de faire son petit bonhomme de chemin. Après Natitingou, Bohicon, Kandi, cette initiative a fait une escale à Dassa-Zoumè. Dans cet entretien, le Directeur du  festival international du Bénin (Fitheb), Erick-Hector Hounkpê fait un rappel des objectifs et des missions assignés à  cette idée de son équipe. Pour lui, le Fitheb migratoire compte déjà des impacts sur le terrain. Cette initiative comble déjà plusieurs attentes sur le terrain. Et déjà le besoin de loisir dans les localités est comblé dans les localités.

Monsieur le Directeur pourquoi un Fitheb migratoire après la biennale ?

LeFitheb est initié pour plusieurs raisons. D’abord, c’est une démarche qu’on fait à ramener le festival aux populations. Ce qui me paraît incongru, c’est qu’on veut faire un grand festival sans base. On veut faire venir des Blancs pour rester à Cotonou et environs pour la fête. Je crois que c’est une erreur. Le Fitheb migratoire est de faire migrer l’événement vers les populations, les amener à se réapproprier le festival, à en faire leur propriété. Au deuxième niveau, profitant de cela, c’est d’observer, d’ouvrir les yeux sur les valeurs locales que le Fitheb migratoire permet de mettre en vitrine et de voir comment leur tendre la main et enrichir la création au niveau national. Le 3ème objectif qui est le fondamental, c’est d’assurer la rentabilité économique du festival sur trois, quatre, cinq ans parce qu’en allant vers les populations, leur faisant adopter le festival, on pourra après les solliciter à payer. Il faut aller chercher le public là où il est. Quand je vais avec un spectacle vers eux, je les incite à rentrer après dans les salles et je développe une politique de marketing qui essaie de vendre des tickets groupés pour que tout événement du Fitheb au plan local ou national puisse être vécu par les populations. Nous allons faire en sorte pour vendre davantage le festival aux Béninois. Ce sont globalement les trois raisons. Et je dis, un festival qui sans base n’existe pas.

En quoi le Fitheb Xwexi peut favoriser la rentabilité économique de la biennale ?

Tout simplement parce que les populations auront cru à cela. Elles vont découvrir. Elles y sont venues gratuitement et après, on leur dira que cela ne devrait pas être gratuit. Il faut que nous voyions comment payer, il faut que nous voyions comment inciter les mairies à acheter des spectacles pour leurs mandants, tout cela, c’est de la rentabilité économique. Pas forcément qu’a l’édition prochaine, les gens vont payer. Pas tout de suite mais il faut préparer le lit. Rassurez- vous, les populations payeront tant que leurs fils qui ont du talent sont dedans. C’est pourquoi, nous allons les chercher ; nous allons voir les meilleurs créateurs de ces coins – là et les intégrer dans le train national du théâtre. Tant que vous avez vos enfants dans quelque chose, vous avez votre identité, vous vous retrouvez et il vous est facile de dire, je contribue. Quand je dis de payer, ce n’est pas de donner de l’argent à outrance, mais c’est de contribuer. On a tout avantage à remettre le festival aux populations. Vous ne pouvez dans aucun pays faire un festival si cela n’a pas une base festive populaire. Cela n’est pas rentable.

Faites- nous un petit bilan du Fitheb migratoire

Le bilan est positif. On a fait Natitingou, Bohicon, Kandi et maintenant, on est à Dassa. Le bilan est positif parce que nous sommes partis pour regarder les valeurs de l’intérieur et nous en avons beaucoup eues. Nous essayons de remarquer un acteur culturel local et il devient coordonnateur du Fitheb migratoire dans sa localité. Lui, il connaît les acteurs culturels locaux et dans ce lot, il propose et nous, on valide. Nous sommes en train de faire un collecte d’informations… nous sommes en train de détecter des talents. Moi, j’ai découvert la danse des petits peulhs à Kandi et je me suis dit que cela ne doit pas être pour Kandi uniquement.Premier point, la prospection marche. Deuxième point, nous sommes de plus en plus ouverts sur des besoins parce que de plus en plus, exprimés par les populations. Ensuite et surtout, le migratoire renforce la visibilité et la communication du Fitheb. De plus en plus, les populations connaissent le festival. Il faut dire aussi que d’une commune à une autre, nous observons nos ratés pour projeter une mesure de grandeur. Jusque- là, je suis satisfait.

Peut-on déjà sentir les  impacts sur le terrain?

Sur les populations, c’est déjà visible. Vous voyez comment elles sortent. Dès qu’on annonce elles sortent et très nombreuses. Donc il y a besoin de loisir que nous comblons. Cet impact est clair. Nous collectons aussi les besoins des populations, c’est aussi un impact parce que quand on va mesurer les données, cela va nous obliger à convoyer des mécanismes de formation vers ces zones. L’institution a de la visibilité. Nous avons un site qui est régulièrement animé. Nous sommes sur tous les réseaux sociaux. Nous avons la réhabilitation du Fitheb au cœur des populations. C’est une nécessité. Vous savez que des guéguerres ont écorné l’image de l’institution. Il faut nettoyer cela. Il faut que nos compatriotes aient à nouveau confiance en leur Fitheb. Et les élus locaux, je dois le souligner sont en train d’intégrer et un premier adjoint au maire m’a dit : « j’espère que cela ne va pas s’arrêter. L’année prochaine, on va davantage peaufiner et nous-mêmes, on sera là… ». Nous avons aussi la rentabilité économique. Ce sont des impacts énormes dont je suis fier.

 Propos transcrit par Victorin Fassinou (Presse du Jour)


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