CAUNAB : une association-testament

Publié le lundi 29 août 2016

« Partis politiques, unité nationale et développement national équilibré : quels défis à relever ? » C’est le thème  autour duquel   Convergence d’ Actions pour l’Unité Nationale(CAUNAB)  veut organiser une  »  Rencontre nationale citoyenne d’échanges  » le  dimanche 4 Septembre 2016, à Cotonou. Cela fait   un peu plus de deux ans que cette association se signale  sur le terrain  par des manifestations  qui se focalisent sur la thématique de la construction de l’unité nationale. Pourquoi  cet intérêt ? Et pourquoi maintenant ?  Les essais de réponses à ces questionnements pourraient être trouvés dans l’itinéraire  des initiateurs et dirigeants   de CAUNAB, sans qu’il soit nécessaire  de se focaliser sur les personnes elles-mêmes.

  A l’indépendance du pays en Août 1960,  la plupart des dirigeants actuels de CAUNAB  étaient, soit de jeunes cadres  en fin de formation dans les universités françaises  ou  fraichement de retour au pays pour prendre rang parmi  la première génération des fonctionnaires postindépendance, soit  des élèves  des premiers lycées et collèges  concentrés dans la capitale Porto-Novo, la métropole Cotonou , et dans une moindre mesure  dansdes centres urbains comme Abomey , Ouidah , Parakou .

Le contexte  de l’époque était à une certaine euphorie au niveau des citoyens, et en particulier  les cadres et les jeunesétaient conscients de la nécessité pour eux d’œuvrer pour faire de leur pays  un Etat phare  dans une Afrique désormais engagée dans la course au progrès  en comptant sur les capacités de ses fils et filles.

Au niveau de la jeunesse, l’Union Générale des Elèves et Etudiants du Dahomey (UGEED)  était l’unique cadre  de mobilisation et d’action. Sa création remonte aux années 1950 , dans le sillage de la Fédération  des Etudiants d’Afrique Noire en France( FEANF)  au sein de laquelle   plusieurs étudiants  dahoméens ont occupé  des grands postes de responsabilité , avant de revenir au pays continuer le travail de  conscientisation des populations, surtout des jeunes des villes et des campagnes .  Ce travail se fera  à travers  de nombreuses Associations régionales de scolaires  (ARS), dont certaines  vont être  de véritables poils à gratter  aussi par le pouvoir central que  par les responsables de l’administration territoriale. De fait, l’UGEED agissait dans toutes les régions, à travers ses structures  tant parmi les scolaires que parmi  les mouvements de jeunes  dont ses adhérents assuraient l’encadrement politique.

Mais, en 1967 l’UGEED  connait une crise  avec la création du Front d’Action  Commun des Elèves et Etudiants du Nord(FACEEN). Comme son appellation l’indique, les initiateurs  du Front sont tous ressortissants de la partie septentrionale du pays. Ils   présentaient  leur action comme la réaction  aux frustrations nées  de la  non prise en compte des revendications spécifiques aux élèves et étudiants originaires du nord  dont la majorité devaient venir faire ou poursuivre leur scolarité au sud.  Pour réfuter l’accusation  de régionalisme  formulée  à leur encontre, les dirigeants du FACCEN  ont toujours répondu que l’organisation était ouverte aux scolaires originaires du sud  dont les parents étaient en activité  dans la partie septentrionale  ou s’y étaient établis  à la fin de leur carrière administrative.  Dans beaucoup d’établissements  du sud , en particulier les lycées et collèges publics , on assistera désormais  à une cohabitation  plus ou moins harmonieuse  entre   les deux organisations , surtout lors des mouvements revendicatifs  liés à l’ amélioration des conditions de vie et de travail . Dans l’ensemble on n’eut pas à déplorer des oppositions ou des frictions ayant conduit à des débordements  déplorables.

 Consensus  en dépit des divergences 

 Au total , on peut donc souligner que , malgré  les divergences survenues  dans  la formulation des stratégies de lutte  en mettre en œuvre  pour faire aboutir leurs revendications , l’ UGEED et le FACCEN  ont réussi  à instaurer  un climat  de consensus  entre leurs membres, jusqu’à ce que intervienne en Octobre 1972 le processus révolutionnaire qui  va créer une nouvelle ligne de fracture -cette fois-ci idéologique- non seulement au sein  des deux organisations, mais surtout entre les membres influents de chacune d’elles. La  lutte politique contre le régime  qui se met en place après le coup d’Etat du 26 Octobre 1972- surtout  après l’option officielle pour l’idéologie marxiste-léniniste et  la création du Parti de la Révolution populaire du Bénin –  rapprochera  des militants de l’UGEED et du FACEEN ;ils se retrouveront  en Décembre 1977 pour créer le Parti Communiste du Dahomey  qui devient après la conférence nationale de Février 1990 le Parti Communiste du Bénin (PCB).

 Ce rapprochement  se réalise pour ainsi dire en réaction  contre  l’engagement  de certains cadres intellectuels et jeunes  aux côtés des militaires auteurs du coup d’Etat d’Octobre 1972 ; il s’agit des membres de  la Ligue Nationale de la Jeunesse Patriotique (LNJP).

 La LNJP  a été créée en 1968 par d’ anciens  militants – et pas des moindres-  de l’UGEED  qui estimaient nécessaire la présence sur le terrain  d’un parti  à l’idéologie totalement opposée à celle des formations des années 1940-1960  dont les leaders  monopolisaient  la vie politique.En fait, la polémique qui a entouré la naissance de la Ligue- terme par lequel on finira par désigner le nouveau parti- a été révélatrice  des  positions  divergentes  qui traversaient  les mouvements et organisations de cadres et de jeunes  dans la décennie postindépendance  au sujet de la forme à donner aux luttes  des forces démocratiques. Ainsi la dernière irruption de l’armée nationale dans les débats politiques en Octobre 1972, et pour près de deux décennies, n’a pas aidé à rapprocher les positions.

 C’est ainsi qu’au  sortir de la Conférence nationale en Février 1990,  loin d’assister à un regroupement  des forces  pour donner naissance à des structures de mobilisation  et d’éducation fiables  des populations, on  verra plutôt une  dispersion des énergies  dans des regroupements   dont le fonctionnement repose beaucoup plus sur l’attirance pour les gratifications matérielles  que sur l’enthousiasme pour les idéaux et les grands principes politiques.  Les pionniers, ceux que l’on peut qualifier sans exagération de penseurs  du Mouvement démocratique  au Dahomey-Bénin des décennies 1960-1970,ne sont pas parvenus à mettre  sur pied  des  organisations ou mouvements  représentatifs  de l’identité nationale. C’est la  très triste et inquiétante  réalité  qui s’observe encore sur le terrain après  cinquante six années d’accession à la souveraineté nationale et internationale. CAUNAB   se présente aujourd’hui commela réaction des acteurs de premier plan  de ces périodes de l’histoire du Bénin .Témoins  privilégiés ou acteurs sur le terrain, ils ont contribué à  influer sur le cours des événements, par les postes de responsabilité occupés tant dans leur trajectoire professionnel que politique.C’est pourquoi, ils se sentent interpellés  par les développements  des événements  sur tous les plans, et plus particulièrement   les élections de ces dernières années  qui se sont déroulées dans un climat  qui montre, à bien des égards, la fragilité de l’expérience démocratique béninoise.

Les risques de basculement d’un pays  sont facilement  perceptibles  lors  des processus électoraux à travers les rapports  entre les composantes  de la population. L’état de ces rapports dépend, dans une large  mesure,   de l’action  de la classe politique en matière  d’encadrement  et d’éducation  des militants à la base. Et  plus de deux décennies après l’engagementde leur pays dans  la voie de la démocratie, les Béninois   ont des raisons  de s’interroger sur  la pérennité  de l’expérience démocratique en cour dans leur pays.

   UN DEVOIR MORAL

  L’une des clés  pour assurer cette pérennité est dans la volonté de faire  naitre et entretenir le sentiment d’appartenance  à  une même communauté  dont il faut nécessairement  maintenirl’unité, quelles que soient  les sensibilités  et visions dans la recherche des voies et moyens  pour résoudre les problèmes. Dans  cette optique, l’itinéraire  des membres de CAUNAB leur impose le devoir moral de lancer et de maintenir la réflexion sur les entraves réelles  à la construction de l’unité nationale.En effet, pour la plupart  d’eux  la confrontation des idées  est un exercice  qui a marqué non seulement  leur jeunesse, mais aussi  leur implication  dans la vie  politique. Les contractions, parfois vigoureuses, qui ont marqué  leurs positions à des moments donnés  sur l’analyse  de la situation du pays n’ont pas érigé  des barrières  définitivement infranchissables entre eux.

 La création  de ce creuset de réflexion et d’échanges sur une problématique majeure  de tous les pays africains -la construction de l’unité nationale- montre que les antagonismes  du parcours militant ne leur ont pas fait perdre de vue la nécessité  delutter contre cette peur irrationnelle de l’autre , parce qu’il n’appartient pas à la même aire culturelle ou votre vision politique . Et qui peut oser nier que  la vie  politique au Bénin aujourd’hui s’organise  de plus en plus autour  de prétendues solidarités ethniques et communautaristes qui font fi des réelles aspirations des populations au développement. Des intellectuels n’hésitent plus à se proclamer porte-paroles exclusifs de leur région d’origine au moment d’une élection, en faisant de leurs collègues venus d’autres localités en qualité de serviteurs de l’Etat  des étrangers à qui il faut dénier le droit d’intervenir dans les débats. Dans ces circonstances,   CAUNAB  apparait alors  comme  un instrument  pour resserrer les rangs  des  militants  avertis, et qui  veulent entrainer avec eux  des  forces encore insuffisamment préparées  pour éviter les écueils  d’un combat  à mener sur la durée, celui de la réflexion citoyenne sur la nécessité de préserver le sentiment du vivre ensemble dans toutes les circonstances.

 »  Aucun Béninois ne nait avec la haine d’un autre Béninois.  Nos concitoyens apprennent à haïr, apprenons-leur à aimer et nous le pouvons. »  Cette affirmation contenue dans le document de présentation de CAUNAB  sonne comme une profession de foi, un crédo  qu’il faut traduire  dans les faits.Aujourd’hui, au regard  du parcours de ses initiateurs, l’Association  »  Convergence d’Actions pour l’Unité nationale  » se présente comme un testament  dont les rédacteurs  ont été des animateurs de la vie nationale à des moments cruciaux de l’histoire.  Mais maintenant, il ne s’agit plus de se perdre dans des théories  plus ou moins sophistiquées, mais de trouver enfin des solutions à des problèmes concrets. Et celui  dont il sera question lors du forum du 4 Septembre en est un, à savoir comment faire des partis politiques de réels instruments de promotion de l’unité nationale et de développement équilibré du pays ?

Noël ALLAGBADA Conscient que l’éducation est le seul moyen de garantir un avenir meilleur à la jeunesse, l’ancien président de l’Assemblée nationale le député Idji Kolawolé, entend jouer sa partition afin que les choses se passent dans de bonnes conditions dans ledit secteur. Pour ce faire, il donnera une conférence de presse demain, mardi 30 août 2016, à l’hôtel Azalaï de la Plage. Mais avant de s’adresser aux hommes des médias, Idji Kolawolé tient à rencontrer les ministres de tous les ordres de l’enseignement et avoir un tête-à-tête franc avec eux. Pour cela, il a déjà rencontré, le mardi dernier, Odile Atanasso, ministre de l’Enseignement supérieur. Le tête-à-tête a duré près de deux heures d’horloge. Le vendredi dernier, 26 août, il a rencontré le ministre de l’Enseignement secondaire. Ce jour, lundi 29 août, ce sera le tour de celui des Enseignements maternel et primaire. Au cours de cette conférence de presse de demain, le député Idji Kolawolé se prononcera sur la nouvelle carte universitaire et bien d’autres sujets. Il n’oubliera pas de dire un mot sur la situation délétère à l’université d’Abomey-Calavi, où l’année académique est déclarée annulée à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines, avec plusieurs arrestations dans le rang des responsables d’étudiants.

Source extérieure


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