Mévente, hausse des taxes et autres : Le Bénin se vide de ses commerçants étrangers

Publié le mardi 3 mai 2016

La situation est morose. Au marché Dantokpa, l’un des plus grands marchés de la sous-région ouest africaine les affaires ne tournent plus rond. La mévente s’est royalement installée. De jour en jour, les recettes ne font que chuter. Les chiffres d’affaires aussi. Plus personne ne sait où donner de la tête. Ceux qui n’en peuvent plus n’hésitent pas à plier bagages ou au mieux des cas changer d’activité.

Aucun secteur n’est épargné. Outre le secteur des produits de première nécessité (riz, lait, sucre…) la morosité touche également les secteurs des textiles et des véhicules d’occasion où officient Indo-Pakistanais, Libanais, Chinois…

Dans le secteur des textiles, plusieurs Indo-Pakistanais ont déjà changé d’activités à cause de cette mévente. Ceux d’entre eux qui ont encore les moyens écument les pistes du Bénin profond à la recherche de produits tropicaux Noix d’Anacarde, Soja, Sésame…). Les autres qui n’ont pas cette chance ont préféré plier bagages. Le Bénin n’est plus pour eux la terre promise qu’on leur avait annoncée.

Sur les parcs de vente des véhicules d’occasion, la situation est plus qu’intenable. « On peut passer toute une semaine sans vendre une seule voiture. Les Nigérians qui sont nos plus gros clients ne viennent plus avec la dépréciation du Naïra (leur monnaie locale). Il faut payer nos employés. Il faut payer la location du parc. Il faut payer des taxes. Il faut que nous-mêmes nous puissions subvenir à nos besoins…C’est dur et si rien n’est fait, je risque de plier bagage », nous a confié Hassan, Libanais d’origine, installé depuis 10 ans au Bénin avec pour unique activité la vente des véhicules d’occasion. Selon les révélations faites par Hassan, plusieurs de ses compatriotes ont déjà quitté le Bénin. Il ne veut pas avancer des chiffres. Toute sa prière est que la situation s’améliore au regard de ce que le secteur des véhicules d’occasion rapporte à l’économie béninoise en termes de réduction du chômage, surtout.

« Le problème est beaucoup plus profond. Il y a une sorte d’asphyxie du secteur avec une inflation de taxes qui font fuir nos clients. Il y a trop de faux frais et c’est déjà heureux que l’actuel gouvernement ait compris ce que nous vivons en prenant la décision de suspendre certaines taxes que nous versions à des individus. Tant qu’il reste à faire, c’est que rien n’est fait. Et c’est pourquoi je voudrais exhorter le gouvernement du Président Patrice Talon à engager des réformes courageuses pour sauver la filière des véhicules d’occasion frappée par une morosité totale », a déclaré pour sa part Mahmoud rencontré sur l’un des parcs du Marché international de vente de véhicules d’occasion (MIVVO).

Ces chiffres qui parlent

Selon certaines données statistiques, ils sont déjà près de 350 commerçants étrangers à avoir quitté le Bénin ces 15 derniers mois. Certains d’entre eux se sont installés en Côte d’Ivoire où, avec l’avènement d’Alassane Dramane Ouattara au pouvoir, on observe une reprise des activités économiques. D’autres n’ont pas cherché loin. Ils se sont installés au Togo pour faire leurs affaires. Cet exode aurait déjà fait perdre à l’Etat béninois plusieurs milliards de F Cfa, renseignent des sources proches du ministère en charge de l’économie et des finances et du ministère en charge du commerce. La situation pourrait s’aggraver les années à venir si rien n’est fait, annoncent d’autres sources. L’urgence d’agir est donc là.


via La Presse du Jour http://ift.tt/1W5UE5D
Categories: ,