Paulin Bambara: « Quand l’enfant existe sur les documents, il peut aller à l’école »

Publié le mercredi 27 avril 2016

Aujourd’hui encore, ils sont nombreux ces enfants burkinabè, qui n’obtiennent pas dès leur naissance, un acte de naissance. La région du Sahel et celle du Sud-ouest sont les plus touchées par l’élément indispensable de programmation pour un développement durable qu’est l’enregistrement à la naissance. « Aide-moi à exister », c’est l’appel lancé par ces enfants à l’Etat. Eux, qui n’ont pas demandé à venir au monde. La communauté Saint’Egidio contribue à apporter l’aide par son programme Birth registration for all versus oblivion (BRAVO).

« Quand l’enfant existe sur les documents, il peut aller à l’école »

Les données de l’enquête multisectorielle continue de 2010 indiquent que 67%, des enfants âgés de 0 – 5 ans possèdent un acte de naissance, un taux d’enregistrement situé au-dessus de la moyenne, mais qui ne donne pas matière à satisfaction à Colette Guébré, responsable du programme Bravo au Burkina.

« Certes, c’est beaucoup, mais ce n’est pas tous les enfants. Et parmi eux, seule une partie a été enregistrée dans les 60 jours qui suivent la naissance. Nombreux sont ceux qui sont enregistrés par le biais de procédure tardive, des procédures plus complexes, plus longues et plus lourdes pour les familles », déclare-t-elle.

Présent au Burkina depuis 2008, BRAVO vise à promouvoir l’enregistrement des enfants au moment de leur naissance, avec pour but ultime d’éviter une procédure d’inscription tardive. Trois millions trois cent mille de F CFA, c’est le nombre d’actes de naissance délivrés depuis le début du programme.

Le choix du Centre-ouest pour l’implémentation du programme est lié au taux de 62% d’enregistrement, taux le plus faible après celui du Sahel, où d’autres acteurs s’attèlent à la même tâche que la communauté Saint’Egidio.

« L’enregistrement donne droit à un acte de naissance et donc à une existence aux enfants », fait noter Paulin Bambara, secrétaire général du ministère de la justice, des droits humains et de la promotion civique. Et pas seulement. « Quand l’enfant existe sur les documents, il peut aller à l’école, il peut avoir beaucoup de possibilités d’aller loin dans ses études »,  explique Bambara.

« L’enregistrement à la naissance coïncide également avec le besoin de sureté de l’Etat »

L’enregistrement à l’Etat civil n’est pas  bénéfique qu’à l’enfant et à sa famille. Il l’est aussi pour toute la communauté, donc pour l’Etat. « Cela permet aussi de savoir combien nous sommes au Burkina à partir de l’Etat civil », note le secrétaire général du ministère de la promotion civique.

Il n’y a pas non plus que le nombre de citoyens burkinabè. Il y a aussi la préoccupation sécuritaire, devenue une question prioritaire depuis ces derniers mois. L’identification des citoyens burkinabè et des résidents est devenue une nécessité absolue.

« Nous savons à quel point ces derniers mois, les préoccupations pour la sûreté de l’Etat et pour l’identification des citoyens et des résidents ont eu de l’importance. L’enregistrement à la naissance coïncide également avec le besoin de sureté de l’Etat », affirme Colette Guébré.

Une remarque que partage Paulin Bamabara au regard de l’aspect sécurisant de l’enregistrement des enfants à la naissance. Sans omettre que cette existence officielle contribue à la fiabilité des autres documents délivrés par la suite (certificat de nationalité, carte d’identité, carte d’électeur).

« S’il commet une infraction, souligne Paulin Bambara,  on sait de qui il s’agit, on peut le suivre par le casier judiciaire et on sait que c’est la même personne ». En résumé « cela protège davantage notre pays contre toute sorte de phénomène et donne beaucoup de chance aux enfants qui ont été enregistrés de réussir dans leur vie, d’avoir un itinéraire de vie correcte », dit-il.

Oui KOETA

Burkina24


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