Réduction de la pauvreté et inclusion financière : La Bid constate l’impact de la finance islamique sur les bénéficiaires du Fnm

Publié le lundi 25 janvier 2016

Faire l’inventaire des facteurs de succès du Programme intégré d’appui à la microfinance au Bénin (Piamf-Ben) et d’autres aspects à améliorer puis échanger avec quelques promoteurs financés afin d’évaluer l’impact de la finance islamique sur leurs conditions de vie. C’est le but de la mission qu’effectue depuis quelques jours une équipe de la Banque islamique de développement (Bid) composée des Sieurs Musa Ibrahim Jega et Nick Pasciecznik.

Après le Sud-Bénin où ils ont visité l’unité de fabrication de la farine de Manioc du Sieur François Koukè à Glo-Djigbé et le complexe maraicher de l’Union des maraichers du Littoral Grand-Popo/Agoué, les deux émissaires de la Bid ont sillonné plusieurs autres sites où sont implantés des projets financés dans le cadre de la mise en œuvre du Piamf-Ben cofinancé par la Bid et le gouvernement béninois.

A Ifangni, Aja-Ouèrè, Paouignan, Kika, Winra et Tourou, les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Les deux émissaires de la Bid ont été émerveillés par le travail qui a été fait par les promoteurs de projets financés par leur institution selon le principe de la finance islamique. En dehors de quelques difficultés liées à l’instabilité climatique et à l’accès difficile aux marchés d’écoulement, les différents objectifs fixés par le Piamf-Bénin ont été globalement atteints. L’impact de la finance islamique sur les conditions de vie des bénéficiaires est réel. C’est du moins ce qu’ont constaté Musa Ibrahim Jega et Nick Pasciecznik qui, ont longuement échangé avec les producteurs en toute liberté.

« Pour moi, la finance islamique est une bonne chose puisque les pertes et les profits sont partagés par le promoteur de projet et l’institution de microfinance. Ce qui est aussi important à souligner est que le suivi est rapproché. Grâce à ce crédit, j’ai réalisé mon rêve quand bien même j’ai connu quelques problèmes liés aux conditions climatiques défavorables », a témoigné M. Ibrahim Alérou, jeune fermier rencontré à Kika. Sur sa ferme qui couvre 14 ha dont 6 exploités de façon alternée, se cultivent des produits de contre-saison (tomate, piment…) avec une main d’œuvre permanente estimé à 10 personnes dont une femme.

Tout comme Alérou, Etienne Ovodoungnon est aussi un jeune fermier qui a bénéficié de crédit Mtpe (Micro et très petite entreprise). Il est installé à Winra sur une ferme abandonnée par l’Etat béninois. Pour sa première expérience, il a fait 02 ha de tomate et 02 ha de piment grâce à un prêt de 4,8 millions de F Cfa à lui accordé par le Fnm à travers l’Ong Sian’Son dans le cadre de la mise en œuvre de la 1ère phase du Piamf-Ben. Les perspectives sont bonnes puisque rien qu’avec les 800 paniers de tomate qu’il espère récolter sur son champ, il va éponger une bonne partie du crédit qui lui a été accordé. Pour lui, la finance islamique est une bonne chose puisque tout le monde trouve son compte.

C’est avec le sourire XXL que les promoteurs Toussaint Amoussou et Ayavili Casimir ont accueilli l’équipe de la Bid. Musa Ibrahim Jega et Nick  Pasciecznik ont très vite oublié les douleurs des pistes rocailleuses qu’ils ont empruntées. Sur ce site qui utilise 15 employés permanents se trouvent diverses spéculations agricoles. Mais la plus dominante est le maïs. Toussaint Amoussou et Ayavili Casimir ont reçu de l’Ong Sian’Son un prêt de 4,5 millions de F Cfa auquel ils ont ajouté un apport personnel de 1 million de F Cfa. Ce prêt leur a permis de faire  27 ha de maïs. La première récolte qu’ils ont faite leur a permis de rembourser avant échéance  à l’Ong Sian’Son 2,5 millions de F Cfa. Pour leur 2è récolte qui est en cours, ils attendent environ 25 tonnes de maïs. La vente de cette production leur permettra non seulement de rembourser le reste du crédit, mais aussi et surtout, d’augmenter leur production. C’est du moins ce qu’a confié M. Amoussou qui a pour projet futur de faire à côté du maïs les produits maraichers. Le site pour accueillir ce projet est prêt. Un puits y est foré. Ce qui reste, c’est un complément de ressources financières. Et c’est pour cette raison qu’il a plaidé pour que le montant de son crédit soit revu à la hausse dans le cadre de la mise en œuvre de la phase II du Piamf-Ben. Pour lui, il n’y a rien de plus avantageux que la finance islamique.

De Bonnes impressions

 «  Mon premier sentiment est un sentiment de joie et de grande satisfaction. Partout où nous sommes allés, nous avons constaté que le concept de la finance islamique a été maitrisé par tout le monde : des Systèmes financiers décentralisés (Sfd) aux bénéficiaires des crédits octroyés par le Fonds national de la microfinance à travers le Programme intégré d’appui à la microfinance (Piamf) cofinancé par la Banque islamique de développement et le gouvernement du Bénin. Mon souhait est que les acquis de la première phase de ce Programme soient capitalisés. J’ai été très heureux de constater que les projets financés ont connu un grand succès dans le domaine de l’agriculture et de la production maraichère. Ce succès, à vrai dire, dépasse ce que nous espérions. Dans les autres domaines, notamment l’élevage et la transformation du manioc en gari, il y a encore des défis à relever. Ce que nous avons vu nous permet de vous suggérer modestement d’accorder une attention particulière au financement des activités agricoles. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner les autres activités, bien entendu. Il faut aussi leur accorder de l’importance, surtout lorsque les promoteurs comme l’éleveur d’aulacode que nous avons vu à Adja-Ouèrè, affichent un certain volontarisme… », a dit Musa Ibrahim Jega, Sénior Economist à la Bid. « Tout n’a pas été parfait puisque les producteurs que nous avons rencontrés ont fait des doléances, surtout en matière d’accès aux marchés pour écouler leurs produits. Nous allons réfléchir à comment régler ce problème qui pour nous, constitue un gros défi car il ne servira à rien de mettre des crédits à la disposition de promoteurs de projets, qu’ils produisent et qu’ils ne soient pas en mesure d’écouler leurs produits », a-t-il poursuivi…Pour finir, il a rassuré les uns et les autres de ce  que la Banque islamique de développement va étudier avec le Fnm la question relative à l’augmentation des crédits et voir ce qu’il y a lieu de faire.

 « Durant plusieurs heures, en voiture, sur des routes sinueuses, sous le soleil et la chaleur, on n’a pas arrêté de discuter. Ce que nous avons vu de Cotonou à Parakou  est formidable et montre que les fonds mis à la disposition du Bénin pour impacter des promoteurs de projets dans le cadre de la lutte contre la corruption ont été bien utilisés. Comme l’a dit M. Musa, le concept de la finance islamique est bien maitrisé par tous les promoteurs que nous avons rencontrés. Ceci a d’ailleurs changé leur vie. Le cas des deux producteurs que nous avons rencontrés à Tourou est assez édifiant. Le mois dernier, j’ai effectué une mission au Sénégal pour voir l’impact de la finance islamique sur les bénéficiaires. Un autre collègue à moi a effectué la même mission en Sierra-Léone. On ira bientôt au Soudan…Je pense que l’expérience du Bénin en matière de finance islamique est assez intéressante et permettra certainement à la Bid d’améliorer ses interventions », a dit Nick Nick Pasciecznik, Consultant indépendant à la Bid. « J’ai recueilli assez d’informations. J’ai pris beaucoup d’images et de témoignages qui permettront aux responsables de la Bid de toucher du doigt l’impact de la finance islamique sur les promoteurs béninois. Les longues distances que nous avons effectuées pour rencontrer les promoteurs de projets nous ont montré les difficultés que vous avez. Rien n’est à côté. Les routes ne sont pas faciles à emprunter. Mais malgré cela, vous avez tenu à apporter le crédit aux promoteurs. Cela cadre bien avec la vision de la Bid qui œuvre à lutter contre la pauvreté dans une démarche participative. Ce qui m’a le plus marqué est le suivi rigoureux qui accompagne la mise en place des crédits à travers les relations que développent les Sfd et les promoteurs de projets » a ajouté M. Nick Pasciecznik. Il a encouragé tous ces Sfd et particulièrement l’Ong Sian’Son à poursuivre ce suivi rapproché pour le succès des opérations…  « On ne peut pas évaluer un arbre quand il n’a pas encore grandi. Avant qu’il ne grandisse, beaucoup de choses peuvent se passer. C’est tôt encore, mais c’est un super début par rapport à ce que nous avons vu sur le terrain en matière de maitrise du concept de la finance islamique… », a-t-il conclu.

Mme Carolle Dagba, représentant M. Jean Panti, DG/Fnm a pris bonne note des observations qui ont été faites à mi-parcours par l’équipe de la Bid. La mission va se poursuivre jusqu’au vendredi 29 janvier prochain.


via La Presse du Jour http://ift.tt/1PwM0Kz

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