S’indigner pour l’Histoire

Publié le jeudi 3 décembre 2015

Une voix sonore déchire le silence  de la vallée. Ce n’est pas le cri d’une alouette annonçait l’harmattan par sa brume qui a couvert tout le département de l’Ouémé ce jeudi 3 décembre 2015. C’est  plutôt le timbre d’une mélodie quasi funeste qui éveille la presse réunie pour la circonstance à l’Hôtel Dona de Porto-Novo. Le porte-voix de cette indignation est  l’ancien « député permanent », Sacca Fikara   qui a mis en relief le parjure (1) du Président de la République tout en lançant un appel à la mobilisation (2) pour sauver l’édifice démocratique au Bénin.

  1. Parjure sans crier gare

Les faits : La justice béninoise condamne l’Etat béninois dans la procédure de passation de marché dans le cadre de ce qu’il convient d’appeler « le rail-gate ».  Le Président de la République jette une copie de la décision de justice au cours d’une causerie avec les cheminots en présence du groupe Bolloré, condamné aussi par le même acte  judiciaire. Cette banalisation médiatique d’une décision judiciaire rend stupéfait, l’ancien élu parlementaire. Et l’éditorialiste avec. Le Président de la République n’est pas à son premier forfait. Sous sa présidence, le conseil des ministres a eu l’outrecuidance de menacer une instance arbitrale sous-régionale notamment la CCJA.

Le Président de la République garant de l’application des décisions de justice se propose de ne pas respecter la loi et le droit. C’est inédit !!! Ce n’est pas du courage, c’est de l’audace du précipice.  Et on comprend bien l’indignation du leader d’opinion, Sacca Fikara.  Ce n’est pas seulement un acte constitutif d’un parjure. C’est une hérésie constitutionnelle. Le Président de la République banalise sa fonction et livre de ce fait, la puissance publique à elle-même. Cela s’appelle du « bruit judiciaire en haute définition ». Quand la pollution sonore judiciaire saisit  la présidence du conseil  supérieur de la magistrature, tout finit dans l’arbitraire. Le droit s’éclipse pour la jungle.  Faut-il en rire ou en pleurer ? L’orateur de la vallée a retenu ses larmes de mélancolie pour interpeller la conscience politique nationale.

  1. Appel à la conscience politique nationale

Le Président de la République multiplie les actes de défiance  du bloc de constitutionnalité devant l’opinion internationale sans être ni gêné ni inquiété. Sommes-nous toujours dans un Etat de droit ? La fin d’un régime est-il un ferment pour la désinvolture  présidentialiste? Un diplomate en poste ne cache pas sa surprise et hoche la tête. Tout comme l’ancien député, Sacca  Fikara,  qui invite les acteurs de l’histoire démocratique de notre pays à s’indigner pour l’histoire. De  Bruno Amoussou  à Idji Kolawolé, de Mathurin Nago à  Adrien Houngbédji,  de Lazare Sèhoueto à Basile Comlan Ahossi…. L’appel à l’interpellation est lancé. Le Bénin n’a plus de repère. Est-il possible en France, de s’imaginer le Président Hollande jetant une décision de Cour devant les caméras ?  Le Premier Ministre  Lionel Zinsou  est-il fier de l’attitude inacceptable  de Monsieur le Président de la République ?

Seule une volonté populaire clairement affichée par la lanterne intellectuelle du pays peut mobiliser  le peuple béninois sur un chemin de sauvegarde des libertés publiques.

Herbert-Tauyé HOUNGNIBO


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