Cacophonie d’ambitions pour la présidentielle de 2016 : Encore une option suicidaire en préparation pour le Bénin

Publié le lundi 24 août 2015

Le Bénin pourrait à nouveau tomber dans l’inconnu comme en 2006, où le rêve de tout un peuple s’est couronné dix ans plus tard par des scandales et une déchirure de l’unité nationale. Au lieu de réfléchir aux piliers de développement pour assurer l’éducation, la santé, l’emploi, la sécurité et l’autosuffisance alimentaire au moins, c’est le culte des personnalités qui occupe les Béninois et les conduit vers une nouvelle impasse.

Les Béninois n’ont pas tiré leçons des dix ans d’errements politiques qui ont fragilisé le tissu social, mis à mal l’économie et désarticulé l’administration. A huit mois environ de la présidentielle de 2016, le vrai débat sur la remise sur les rails du Bénin ne préoccupe pas un grand monde. Comment assurer l’éducation des jeunes et l’adéquation de leur formation avec le marché de l’emploi ? Comment garantir la santé aux citoyens et surtout aux personnes du troisième âge ? Comment créer la richesse pour que l’accès à l’emploi soit facile pour les jeunes ? Que faire pour assurer la sécurité et anticiper sur les menaces virtuelles des groupes armés qui sont non loin des frontières béninoises ? Comment garantir l’autosuffisance alimentaire, aider les populations à vivre de leurs efforts en sachant gérer les périodes post-récoltes et en maitrisant l’eau? Que faire pour se prémunir des catastrophes naturelles le long des côtes du Bénin ? Où mobiliser les ressources futures face à l’affichage du pays comme une nation de peu de confiance ? Et surtout que faire pendant que la mise en œuvre du Tarif extérieur commun (Tec) et l’Accord de partenariat économique (Ape) éroderont les recettes de portes. Toutes ces questions pourtant pertinentes et pour lesquelles des réponses urgentes doivent être trouvées ne font pas la préoccupation de la majorité des Béninois actuellement. Pour la plupart d’entre eux, c’est comment faire pour que telle ou telle autre personnalité gagne les élections présidentielles de 2016. Le plus grave est qu’on assiste à un véritable culte de la personnalité qui n’est que la conséquence de la cacophonie des ambitions. Il ne se passe plus de week-end où des hommes politiques ou autres opérateurs économiques ne démarchent les citoyens pour se faire susciter comme candidat. Une situation qui pourrait amener à établir une quarantaine de candidatures au départ du scrutin présidentiel du 28 février 2016. Le paradoxe est que la plupart de ceux qui se font citer ne développent pas de vrais contenus sur les différents problèmes auxquels est exposé le Bénin. On assiste simplement à la citation de noms tous azimuts. Une déferlante qui montre que le pouvoir central, c’est-à-dire le poste de Président de la République n’a plus aucune valeur et n’importe qui peut l’occuper. Même si la Constitution donne le droit à toute personne âgée d’au moins 40 ans et d’au plus 70 ans de l’occuper, ce n’est pas une raison pour que l’on ne comprenne pas qu’il faut avoir un minimum de capacité pour diriger un pays avant de s’annoncer candidat.

 

Le suicide collectif

 

A l’allure où vont les événements, le Bénin n’est pas loin d’un suicide collectif. Les mêmes causes produiront les mêmes effets et peut-être que le mandat de 2016 à 2021 pourrait aboutir à une déliquescence totale du pays. Si beaucoup ne le savent pas, le nombre de jeunes sans emploi s’accroît chaque année et le Bénin n’est pas à l’abri d’une rébellion de ces jeunes qui, totalement désabusés pourraient s’en prendre aux dirigeants et au pouvoir d’Etat. On l’a vu non loin du Bénin et aujourd’hui ces jeunes sont au pouvoir, mais le pays ne se relève pas encore totalement de la déchirure d’il y a une dizaine d’années. La gestion d’un Etat n’est pas de la plaisanterie. Il faut se prendre au sérieux et faire les vrais débats de développement et non s’enliser dans des querelles de personne..

Junior Fatongninougbo

 


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