KABRE François du mouvement ADP : « Les élections d’accord, mais la vie de la nation d’abord »
KABRE François, jeune leader de la société civile burkinabè et au cœur de l’insurrection d’Octobre 2014, est de passage en Côte d’Ivoire où il y séjourne depuis quelques jours ‘’sur invitation de la diaspora burkinabè’’. Burkina24 l’a rencontré pour un entretien.
Burkina24 : Qui est KABRE François pour les lecteurs de Burkina24 ?
KABRE François (K.F.) : KABRE François est un jeune Burkinabè, spécialiste en communication d’entreprise et leader du mouvement dénommé Alliance pour la Défense de la Patrie (ADP), une organisation de la société civile du Burkina Faso.
Burkina24 : A quoi se résume votre actualité présentement à Abidjan, en Côte d’Ivoire?
K. F. : Je suis à Abidjan sur invitation de certains compatriotes jeunes, leaders d’associations pour des partages d’informations et d’expériences pour la réussite du processus actuel au Burkina Faso. Pour moi il est important d’intéresser nos frères de la diaspora à la vie sociopolitique de leur patrie.
Avant la fin de mon séjour, de concert avec des leaders jeunes d’ici, je vais donner une formation qui a pour thème : leadership et citoyenneté. Mais je mets aussi mon séjour à profit pour mes activités professionnelles et familiales.
Burkina24 : Vous avez récemment portée sur les fonds baptismaux, l’Alliance pour la Défense de la Patrie (ADP), un mouvement de la société civile. Quel est le credo de votre organisation et qu’en sont les motivations de sa création ?
K. F. : L’ADP n’est pas née pour gonfler le nombre des mouvements de la société civile, mais constitue plutôt un cadre formel de jeunes leaders ayant pris part aux évènements d’octobre 2014, d’analyser périodiquement la gestion de la transition et d’interpeller sur ce qui ne cadre pas avec l’esprit d’une transition.
Les missions premières actuelles de l’ADP sont entre autres la défense des droits humains et la défense de l’intérêt national. C’est ainsi que depuis le mois de mars 2015, nous avons tenus plusieurs conférences de presse pour rappeler à l’équipe de la transition, les causes ayant provoqué la colère du peuple en octobre dernier et à quoi ce même peuple s’attend au cours de leur transition.
Malheureusement, nous n’avons pas été bien compris dès le départ et aujourd’hui on risque fort de finir cette transition avec de fortes tensions et contestations pouvant mettre en mal notre stabilité et fragiliser d’avantage notre économie.
Burkina24 : En mars 2015, date marquant la naissance de votre mouvement, vous avez et vous continuez d’interpeler la transition burkinabè sur la gestion de la transition. Quel est votre principal grief contre l’équipe du Président Michel Kafando et son Premier Ministre Yacouba Isaac Zida ?
K. F. : Très sincèrement on n’a pas de grief contre l’équipe actuelle de la transition, mais nous avons dis et redisons qu’elle n’a pas réellement joué le rôle d’un pouvoir de transition. Pour nous une transition doit être et demeurer neutre tout au long de sa mission. Quand nous voyons aujourd’hui certains ministres ou présidents d’institutions tenir des positions affichées sous la transition, c’est inquiétant pour son aboutissement.
Une transition doit en réalité rassembler tous les fils du pays en crise pour créer de nouvelles bases démocratiques et consensuelles pour parvenir à un ordre constitutionnel avec probablement un gouvernement d’union nationale pour éviter de créer un camp de vainqueur et de perdant. On est tous Burkinabè et nous devons travailler ensemble pour le rayonnement de notre patrie dans la paix.
Burkina24 : Croyez-vous vraiment à la tenue des échéances électorales en Octobre prochain ?
K. F. : Je dirai tout simplement, les élections d’accord, mais la vie de la nation d’abord. Ce qui est déplorable aujourd’hui, est que la plupart des candidats potentiels à l’élection présidentielle sont déjà en campagne tout en oubliant de s’intéresser à l’organisation pratique des élections. Finalement on va se retrouver à quelques jours des élections avec des contestations de part et d’autre.
Le premier élément essentiel est la composition de l’équipe de la CENI dont personne n’en parle mais risque d’être un argument de contestation. Nous avons aussi le nouveau code électoral qui va rendre la tache difficile à l’équipe du conseil constitutionnel pour la validation des candidatures et cela risque fort de plonger notre pays dans une autre crise. A la somme de ces constats si rien n’est fait, nous allons avoir un processus électoral confus et périlleux. Par conséquent il est impératif qu’on éclaircisse le plutôt, l’ensemble des acteurs politiques sur certaines règles qui vont encadrer l’élection présidentielle.
Burkina24 : Quelles sont vos propositions concrètes pour une transition réussie jetant les bases d’un Burkina meilleur et répondant à l’aspiration du peuple qui s’est soulevé en Octobre dernier ?
K. F. : Pour rester optimiste, je dirai qu’on peut toujours éviter le pire. Dès le début de cette transition ou maintenant, on doit remettre en place le conseil des sages qui va réunir des leaders religieux, coutumiers et intellectuels pour réellement tracer les sillons véritables répondant aux aspirations réelles du peuple tout entier.
On devrait limiter les pouvoirs du Président de la transition pour éviter des dérives éventuelles, puis de limiter le champ d’actions du CNT dans les adoptions de lois. Cela évitera de donner l’impression d’une gestion partisane mais plutôt une gestion participative et collective.
Les membres du gouvernement doivent éviter de prendre position sur des questions qui divisent car un ministre, un président d’institution, un député de transition ou encore un Président de transition, est au service de la nation entière et se doit de la servir avec loyauté, intégrité et impartialité.
Burkina24 : Votre mot de fin…
K. F. : Je profite tout d’abord de l’occasion pour demander à la Radio télévision du Burkina (RTB) notamment la télévision nationale (TNB), d’accepter de couvrir nos conférences de presse car le peuple a droit à l’information pour être bien éduquer et bien informer sur la vie de la nation.
Je vais demander à mon grand frère, le Premier ministre et notre papa, le Président de la transition d’accorder beaucoup plus d’intérêt sur les sujets qui font polémique actuellement au Burkina Faso. C’est le moment d’entreprendre des initiatives avec l’appui des sages pour circonscrire certains problèmes en suspens liés aux élections.
Je vais demander aussi aux leaders politiques d’accorder une oreille attentive aux jeunes de leur parti et de leur donner de bons enseignements politiques et citoyens pour préserver notre stabilité. On a tous à gagner si nous vivons ensemble sans craindre son voisin.
Que Dieu bénisse notre chère patrie le Burkina Faso !
Interview réalisée par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Burkina24
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