Première session plénière du CNT : La question de dissolution du RSP et l'élaboration d'une nouvelle Constitution au centre des débats

Publié le samedi 14 mars 2015

Pour la première session plénière du Conseil national de la Transition depuis les évènements d'octobre 2014, c'est la question de dissolution et/ou réorientation du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui a retenu l'attention des députés. D'autres préoccupations relatives à la baisse du prix du carburant et l'élaboration d'une nouvelle Constitution ont été également abordées. En l'absence du Premier ministre, Isaac Yacouba Zida, c'est le ministre en charge de l'Energie, des mines et des carrières, Aboubacar Ba et celui en charge des Sports et des loisirs David Kabré qui ont apporté des réponses aux questions orales jugées approximatives par les députés de la transition. C'était ce vendredi 13 mars 2015.




La première session plénière du Conseil national de la Transition (CNT) a enregistré une présence effective de 79 députés, 7 absences autorisées, et 21 non excusées. Le quorum était néanmoins atteint avec 83 votants et le Conseil national est en nombre pour délibérer. Après ces précisions du président Moumina Cheriff Sy, s'ouvre enfin la première phase des questions d'actualité. Elle est posée par Aboubacar Balima et est relative à la baisse du prix du carburant. « A quand la baisse véritable du prix du carburant. Aussi le carburant étant un produit indispensable pour les activités quotidiennes, n'est-il pas opportun de supprimer certaines taxes sur les hydrocarbures ? », a-t-il, entre autres, demandé à l'exécutif représenté par deux ministres. Toutefois, avant d'apporter une réponse à cette préoccupation du député, le ministre Ba a sollicité une suspension de 15 minutes afin de consulter le Premier ministre. Il reviendra plus tard dans la salle, sans avoir épuisé le temps demandé, pour informer de ceci : « le gouvernement n'a pas été avisé au préalable de cette question d'actualité. Il ne peut donc pas fournir de réponses claires ». Le président du CNT, dans le même sens, confirme qu'effectivement le courrier n'est pas parvenu, à temps, au niveau du Gouvernement. Le député Balima pourrait néanmoins revenir sur sa question à la prochaine session prévue pour le 20 mars prochain.


De la nécessité de dissoudre le RSP


Deux questions orales ont été posées à cette première session plénière du CNT. Il s'agit essentiellement de celle en rapport avec la dissolution du RSP. « Pour l'unité de l'armée de terre en particulier et de l'armée en général, n'est-il pas préférable de dissoudre ce corps spécial et confier la charge de la sécurité présidentielle à la Gendarmerie notamment au Groupement d'escorte, d'honneur et de sécurité détaché à la présidence », a demandé le député Daogo Jean Sothère Samma au gouvernement. En réponse à cette question, le ministre Ba, après un petit exposé sur le rôle et les missions de ce corps d'élite, estime que leur sort relève du président de la Transition, chef suprême des armées. Le RSP, à en croire le ministre assure en plus de la sécurité du président, défend le territoire, les institutions républicaines, lutte contre le terrorisme, etc. Pour le ministre, une grande sensibilisation du RSP sur leur corps est d'une nécessité avant tout redéploiement. Aboubacar Ba ferra également comprendre aux députés que seuls les éléments du RSP maitrisent l'utilisation de l'artillerie qui sont à leur disposition.


Des réponses qui ne convainquent absolument pas les députés. Une dizaine de députés s'inscrivent sur la liste des débats. En effet, pour Hervé Ouattara, le gouvernement doit être clair sur cette question du RSP, qui selon lui, a pris le peuple en otage. « Si il n'y a qu'eux qui savent manipuler les armes lourdes, comme l'indique le ministre, qu'on les envoie où ils peuvent mieux s'en servir. En luttant par exemple contre Boko Haram », lâche-t-il. A sa suite, c'est le député Karambiri qui dit être estomaqué par la réponse du gouvernement qui tente de faire une comparaison entre l'armée française et burkinabè. Alors, demande-t-il : « Ils sont au nombre de combien pour qu'une commission se mette à réfléchir sur leur sort ? ». Dramane Konaté, quant à lui, est revenu, sur le nombre exact des éléments du RSP. Il souhaitait savoir d'où viennent les armements destinés au RSP de sorte à appauvrir les autres corps de l'armée. « Quid des crimes de sang commis depuis 1987 ? », demande-t-il. Certains députés ont voulu savoir si Blaise Compaoré, depuis Abidjan, bénéficie toujours de la garde des éléments du RSP. En outre, ajoute le député Sourgou qui a demandé à savoir celui qui a donné l'ordre d'escorter l'ancien président Blaise Compaoré lors de sa fuite. D'autres préoccupations relatives à leur qualification exacte –autrement dit- leur niveau de formation, et une proposition interne de réorientation de leur mission pour servir au mieux les populations ont aussi retenu l'attention des parlementaires. Tant bien que mal, Aboubacar Ba a donné des réponses jugées approximatives et incomplètes. Ils peuvent cependant retenir que le RSP compte aujourd'hui près de 1000 à 1500 éléments.


Les députés de la transition exigent l'élaboration d'une nouvelle constitution

« Ne pensez-vous pas qu'il serait opportun et nécessaire d'ouvrir dans des meilleurs délais, de larges concertations populaires avec l'ensemble des Forces vives de la nation en vue de lancer l'idée d'élaboration d'une nouvelle Constitution, ouvrant ainsi une Vème république ? », telle était la deuxième question posée par le député Philippe Bonkoungou. Une commission selon le ministre Ba sera mise en place incessamment. Elle aura pour mission de procéder à des réformes politiques et institutionnelles. Une commission ! Certes ! A entendre les députés, la nécessité de passer à une 5ème république s'impose. Il s'agit, selon certains d'entre eux, d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire du Burkina. « C'est un impératif. Même s'il faut passer par un referendum », lance un député. Aux députés qui exigent le passage à la 5ème république, le ministre a rassuré qu'il a pris bonne note et le soumettra à qui de droit.


Bassératou KINDO

Lefaso.net





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