Djibrill Yipènè Bassolé : « Je suis désormais libre de m'engager en politique »

Publié le dimanche 15 mars 2015


Le Général de brigade Djibrill Yipènè Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, ne fait plus partie du corps de l'armée. Mis en disponibilité pour une période de deux ans, Monsieur Bassolé qui a porté l'information officielle à la presse ce dimanche 15 mars 2005 entend désormais se consacrer à la politique où il est pressenti pour être candidat à la prochaine élection présidentielle du Burkina Faso. Nous vous proposons l'intégralité des questions abordées lors de ce point de presse.




Mon Général, quel est l'objet de ce point de presse ce matin ?


Il s'agit de vous donner l'information relative à l'adoption du décret de ma mise à disponibilité. En tant que tel, c'est un acte administratif à la demande de l'intéressé ou, au constat que l'administration fait, on accorde une disponibilité à un militaire pour convenance personnel ou pour tout autre raison. Personnellement je suis détaché de l'armée depuis 1999. Depuis 16 ans, j'assume des fonctions politiques, internationales et je n'exerce aucun commandement militaire.


Ma demande de mise à disponibilité n'est qu'une simple régularisation puisque depuis la fin du détachement, je suis employé par l'Organisation de la coopération islamique en tant qu'envoyé spécial dans le sahel. Ce décret revêt une importance particulière dans le processus dans lequel je me suis engagé pour donner une réponse prochainement à l'appel des jeunes qui veulent que je sois candidat à l'élection présidentielle. Avant de formuler cette réponse, il fallait que je sois en règle vis-à-vis de la loi. A partir de maintenant je suis libre de m'engager en politique, d'exercer des fonctions politiques ou internationales.


Est-ce qu'on peut avoir la durée de cette disponibilité ?


Deux ans à compter du 10 février 2015. Mais en réalité comme je le dis, ce n'est qu'une formalité. Je n'ai plus de lien avec le commandement de l'armée, je ne suis plus dans la chaîne de commandement. C'est la deuxième fois que je prends une disponibilité et depuis 1999, j'ai une carrière plus politique que militaire.


Est ce que vous avez consulté vos frères d'armes, est que vous avez leur soutient ?


Je ne voudrais pas que la réponse à cette question donne lieu à des confusions. Dire aujourd'hui que l'armée me soutient ne veut absolument rien dire. Ce n'est pas politiquement correct. Par respect pour la hiérarchie militaire, par égard pour mes compagnons d'armes, j'ai pris l'engagement de m'entretenir avec eux sur le projet que j'ai. C'est pour vous dire qu'il n'y a pas d'hostilité, il n'y a pas d'objection. En réalité mes compagnons d'armes me voyaient déjà dans la tenue civile exerçant des fonctions civiles, politiques et diplomatiques depuis 16 ans maintenant. En réalité, je ne suis plus apte à revenir dans les rangs pour exercer les fonctions de commandement.


Donc au delà de cette disponibilité des 2 ans, vous ne reviendrez plus dans l'armée ?


C'est clair. Et je crois que nous autres anciens, ayant obtenu ce niveau dans l'armée et ayant gravi tous les échelons, il est temps de laisser la place aux plus jeunes. Et d'ailleurs, j'ai été commandant de la gendarmerie. C'est la plus haute fonction qu'une autorité puisse exercer. Il vaut mieux laisser la place aux jeunes qui se bousculent, qui souhaiteraient être aussi chef d'état major ou promus aux grades de général. Je pense qu'il faut que je tourne la page de l'armée, laisser la place aux jeunes officiers de l'armée qui sont capables d'exercer le commandement. J'ai exercé le commandement de la gendarmerie quand j'avais 39 ans. Aujourd'hui il y a bien de colonels, qui ont cet âge et qui sont aptes à diriger l'institution.


Une partie de la société civile donne de la voix pour exiger la démilitarisation de la scène politique, qu'est-ce que vous en pensez ?


Je ne crois pas que l'échiquier politique soit militarisé. Je ne vois pas de militaire faisant obstruction ou intrusion dans la vie politique. Les militaires sont des citoyens comme les autres. Ils ont exactement les mêmes droits. Il y a des lois et règlements qui prévoient les conditions de leur accès aux fonctions politiques. Si ces textes sont respectés, je crois qu'il faut accepter que des militaires, sur la base de leur expérience et leurs ambitions puissent servir leur pays à ce stade.


Je ne m'inscrirai pas du tout dans ces discours à tendance exclusiviste. Il ne faut pas pointer du doigt des catégories de citoyens pour leur dire « vous, vous n'avez pas droit ». Il vaut mieux, dans ces conditions-là, s'en tenir aux textes et à la Constitution.

Il y a des organes qui sont habilités à dire qui est éligible et qui ne l'est pas en fonction d'un certain nombre de faits. Laissons ces organes jouer leur rôle et laissons finalement le peuple décider de savoir lequel des citoyens peut être porté à la direction du pays .


Votre décision concernant ces jeunes qui attendent votre décision de candidature n'est qu'une question de jours ?


Effectivement ce n'est qu'une question de jours. Je suis désormais habilité à le faire. Vis-à-vis des lois et règlement relevant de mon pays, j'ai la possibilité désormais de m'engager en politique. Je fixerai bientôt une date à laquelle j'inviterai l'ensemble des jeunes dans tous ses composants pour leur présenter mon projet de société et répondre à l'appel qu'ils ont lancé.


Propos retranscrits par A.D.

Pour Lefaso.net





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