ZIDA –R.S.P. : Vivement l'entente !

Publié le jeudi 5 février 2015

L'après-midi du 03 février ainsi que la journée du 04 auront été une période particulièrement chaudes pour le premier ministre Yacouba Isaac ZIDA. A l'instar des 30 et 31 décembre qui ont aussi coïncidé avec un conseil de ministres, les va-et-vient de ce mercredi, portent à croire que les camarades d'armes du Lieutenant-Colonel veulent lui donner du fil à retordre. Les tractations n'ont visiblement pas commencé aujourd'hui, les dissensions non plus. L'inquiétude, quant à elle, se fait de plus en plus grandissante au sein de la population. Situation qui d'ailleurs s'alourdit avec le silence jusque-là observé aussi bien par des autorités de la transition que par les premiers responsables de l'Armée. Ce manque de communication ouvre donc la voie aux supputations et aux commentaires de tout genre. Toute chose qui peut avoir des conséquences néfastes sur le déroulé des faits, sur la transition qui sans cesse butte à des obstacles depuis son enclenchement.




Mais à y voir de près, tout semble partir de négociations mal ficelées, d'accords mal mûris. En effet, l'on se rappelle les conditions dans lesquelles Isaac ZIDA a été désigné par ses pairs du Régiment de Sécurité Présidentielle (R.S.P.) pour conduire la transition au détriment de l'Etat-major. Force est maintenant de constater que cela ne s'était pas fait dans le seul but de satisfaire aux exigences du peuple mais il s'agissait de préserver des acquis, des intérêts. Les jeux d'alliance qui ont abouti à son maintien au poste de premier ministre s'inscrirait dans la même logique.


Cependant, un mélange de pression de la rue et de celle des coreligionnaires aurait eu raison des promesses faites par le colonel ZIDA à ses frères d'armes. Nomination de proches à des postes de responsabilité et surtout affectation et nomination au sein du R.S.P. Voilà entre autres les griefs qui sont faits au premier ministre. Ainsi, se trouve-t-il actuellement pris entre le marteau et l'enclume. D'une part le peuple insurgé à l'endroit de qui des promesses ont été faites, et d'autre part, les frères d'arme sans la bénédiction de qui il ne serait pas là où il est. Il est donc question aujourd'hui pour le colonel ZIDA de concilier des intérêts tout à fait divergents, d'accomplir une mission presqu'impossible en ce sens que satisfaire le R.S.P., c'est se remettre en cause, c'est mettre en cause les acquis de l'insurrection et avoir par conséquent le peuple sur le dos. Même si le R.S.P. soutient qu'il n'a de problème qu'avec son ex n°2 et non avec la transition et ses institutions ; il est difficile de concevoir que la transition arrive à bon port avec un ZIDA dans de beaux draps. Un problème, aussi mineur soit-il peut fortement déstabiliser la transition qui déjà, va mal ; surtout en son premier ministre.


La solution au problème ZIDA-R.S.P. doit être mûrie au-delà des seuls cercles militaires. L'implication du Moogho Naaba et de l'ancien président Jean Baptiste OUEDRAOGO est une chose à apprécier ; mais demeure insuffisante. Etant donné que ZIDA, en plus d'être militaire, est le premier ministre de la transition, le mieux serait d'étendre la réflexion à d'autres couches socio-politiques ne serait-ce que dans un cadre très réduit et de porter les vraies informations à la connaissance de la population. L'implication des partenaires régionaux et même internationaux ne serait pas de trop.


La question de la dissolution du R.S.P. est un couteau à double tranchant. Elle ne peut pas se faire sans faire des mécontents. C'est pour cela qu'elle mérite d'être prise avec beaucoup de sagesse afin que nul ne se sente lésé. Le R.S.P. c'est avant tout des décennies d'existence avec des ramifications et des implications assez complexes aussi bien dans le milieu politique que dans celui des affaires. Pour l'intérêt supérieur de la Nation, ZIDA et les hauts gradés de ce corps d'élite gagneraient à revoir chacun sa copie afin de permettre à la transition d'arriver à terme avec la tenue d'élections libres et transparentes.


Ousmane Paré

Lefaso.net





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