Spécialistes en Cardiologie : La promotion « Persévérance » prête à servir
Ils étaient huit médecins à recevoir leurs diplômes d'études spécialisées en cardiologie ce 19 décembre 2014 à l'Université de Ouagadougou. Ce, après quatre années de dur labeur. Cette toute première promotion baptisée « Persévérance » a été entièrement formée au Burkina. Elle s'est dite prête à se battre au service de la population. La cérémonie officielle de sortie était présidée par le premier ministre qui s'est engagé à œuvrer à l'amélioration des conditions de formation des futurs médecins cardiologues.
Après quatre années laborieuses, alliant théories et pratique, l'Université de Ouagadougou met à la disposition du ministère de la santé huit nouveaux cardiologues dont six Burkinabè, un Tchadien et une Gabonaise. Il s'agit de la toute première promotion de diplômés d'études spécialisées (D.E.S) en cardiologie entièrement formée dans notre pays. La cérémonie officielle de sortie marque ainsi le couronnement d'une formation intégrale où des difficultés n'ont pas manqué.
« Ces quatre ans de formation ont été une aventure joyeuse, une recherche permanente de l'excellence malgré les difficultés inhérentes à une jeune école : absence d'urgences cardio-vasculaires, difficultés de bourses d'étude, lieux de stage et plateaux techniques insuffisants. Nous sommes aujourd'hui le produit fini « made in Burkina » et prêts à nous battre au service de la population », a précisé Dr Hervé Kaboré, le délégué de la promotion Persévérance.
« Les diplômes aux lauréats, les bénéfices à la nation entière »
« Chers lauréats, ces diplômes n'auront de valeur que lorsque vous aurez mis au service de la société votre savoir, votre savoir-faire et votre savoir-être. Les diplômes sont à vous les nouveaux cardiologues et les bénéfices à la nation entière (…) Prenez dès à présent la résolution d'être les meilleurs cardiologues du Burkina, du Tchad, du Gabon », a insisté Dr Patrice Zabsonré, Coordonnateur du D.E.S de cardiologie.
Ces cardiologues « made in Burkina » ont choisi pour nom de baptême : Persévérance. « Persévérance parce que chaque jour était un défi pour aller vers l'excellence. Persévérance parce que vous (ndlr : les encadreurs) avez durant ces quatre ans de formation, avec abnégation, sagesse et disponibilité su nous transmettre le savoir et la rigueur dans le travail bien fait. Persévérance parce que devant la fougue de notre jeunesse, nos comportements, vous avez toujours su nous montrer le bon chemin », a expliqué le délégué de la promotion.
Un malien, père du D.E.S/cardiologie au Burkina
La promotion « Persévérance » a désigné une référence africaine de la cardiologie comme Parrain. Il s'agit du Pr Mamadou Kouressi Touré, malien de nationalité qui a tenu à prendre part à ce moment historique pour ses filleuls. Il pourrait d'ailleurs, à juste titre, être considéré comme le « pace maker physiologique » de la création de cette spécialité à l'Université de Ouagadougou.
Pour rappel, l'idée de créer un D.E.S de cardiologie remonte à 2009 lors des 3e journées de la société de cardiologie du Burkina dont le Pr Mamadou K. Touré était le président d'honneur. Ainsi, se faisant porte-parole des directeurs de D.E.S de cardiologie des universités sœurs de la sous-région, il avait déclaré ceci : « au regard de l'importance de la lutte contre les maladies cardiovasculaires au Burkina à l'instar des autres pays frères, et surtout au regard des ressources humaines et matérielles dont dispose le Burkina, il est inadmissible que le BF continue de dépendre de l'extérieur en terme de formation de ses futurs cardiologues ». La suite, on la connait. Le D.E.S de cardiologie fut créé en 2010 par arrêté du président de l'Université de Ouagadougou.
Actuellement, il compte 34 étudiants inscrits pour la spécialisation en cardiologie, de la première à la 4e année, pour un total de sept enseignants permanents. Pour la première promotion, malgré les contraintes, notamment financières auquel la coordination de cette ‘'école'' fait face, les objectifs pédagogiques ont été atteints : le taux d'exécution des programmes uniformisés et validés par l'organisation ouest africaine de la santé avant la mise en œuvre du système LMD a été de 98%, le taux d'exécution des stages pratiques hospitalières et ruraux est de 100%, le taux de succès des évaluations était de 99%, a précisé Dr Patrice Zabsonré, Coordonnateur du D.E.S de cardiologie.
Le gouvernement s'engage
Estimant que la coordination du D.E.S en cardiologie a fait sa part de travail, le gouvernement burkinabè, par la voix de son premier ministre, s'est dit décider à remplir aussi sa part de contrat. Ainsi, Yacouba Isaac Zida a pris l'engagement d'aider à améliorer les conditions de travail des encadreurs et des étudiants par :
l'érection de nouvelles infrastructures qui contribueront à offrir plus de confort ;
la subvention des médicaments et des consommables utilisés en cardiologie ;
un soutien plus accru aux différentes filières de spécialisation de l'UFR/SDS ;
la dotation des services de cardiologie en matériels didactiques, pédagogiques et informatiques de pointe ;
l'octroi de fonds pour le fonctionnement et l'attribution de bourses d'études aux candidats éligibles.
Aussi, pour élargir les offres de stage validant, il a annoncé l'érection de « l'ex » hôpital national Blaise Compaoré en Centre hospitalier universitaire.
Aux lauréats du jour, le chef du gouvernement a lancé : « Vous devez, par vos actions, contribuer à rehausser l'image des médecins cardiologues à travers votre don de soi, votre abnégation, votre humilité et l'empathie pour vos patients ». Ce dont ne semble pas douter le parrain, à entendre ces propos : « Aujourd'hui, je suis très satisfait d'eux et je suis certain qu'ils vont faire le travail qui leur a été enseigné de façon très professionnelle pour que le peuple du Burkina puisse jouir d'une santé cardiologique la plus parfaite possible ».
Certainement que ces cardiologiques sont déjà attendus sur le terrain, car les maladies cardio-vasculaires sont en passe de détrôner le VIH/SIDA et le paludisme le triste rang de première cause de mortalité dans les pays en développement.
Moussa Diallo
Lefaso.net
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