Discussions sur la transition politique au Burkina : quand les « propos » du lieutenant-colonel Zida laissent certains « perplexes »
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine était à Ouagadougou ce lundi, 10 novembre, pour rencontrer les différents acteurs du processus de discussions pour la transition. Une rencontre à l'issue de laquelle, des acteurs se sont dits satisfaits mais aussi perplexes face à « des propos » du lieutenant-colonel, Yacouba Isaac Zida sur la transition alors que…
… « On était d'abord sur le principe de la transition civile », a campé Luc Marius Ibriga de la société civile avant de poursuivre : « Il y a peut-être des clarifications à faire dans la mesure où nous pensons que les derniers propos du Chef de l'Etat, le lieutenant-colonel Zida, nous laissent perplexes. Comme nous espérons qu'il y ait dans les jours prochains, des rencontres pour discuter, peut-être que cette clarification viendra ». En effet, selon les explications de l'homme de droit, alors que les acteurs sont dans la perspective d'une transition civile, les propos du Chef de l'Etat seraient que l'Armée sera-là pour encadrer les choses et veiller à ce que celles-ci se passent bien. Ce n'est pourtant pas, selon lui, le rôle de l'Armée ; d'autant puisqu'il y aura un Parlement de la transition, un Président de la transition et une feuille de route qui sera déterminée par la charte. « Nous ne voyons donc pas à quel titre l'Armée peut s'arroger ce rôle au cours de la transition. L'Armée est une composante comme toutes les autres, et en ce moment, qu'on la prenne en compte dans la transition, oui, mais qu'elle puisse s'ériger en garant de la transition, nous disons, non », a-t-il dit. Pour lui, les militaires se considèrent comme dépositaires de ce pouvoir. Or, poursuit-il, il faut que les gens respectent la parole donnée, si on ne veut pas confisquer le pouvoir du peuple, chacun revient dans son rôle régalien. « L'Armée a été très claire, elle nous a dit ce soir, devant le Président de l'UA, les partis politiques, la société civile et les religieux, que tant qu'on n'aura pas trouvé quelqu'un de consensuel, cela va poser un problème. Mais, comprenez que trouver quelqu'un de consensuel, ça va poser un problème. Peut-on trouver une personne sur laquelle tout le monde est d'accord ? », a pour sa part soulevé encore, Marcel Tankoano du M21, mouvement de la société civile avant que le politologue Siaka Coulibaly note, quant à lui, qu'« Il faut des concertations, parce qu'on peut penser qu'il y a un problème d'expression ; étant donné que lorsque le lieutenant-colonel Zida a lu la déclaration liminaire, il n'y avait aucune zone d'ombre. C'est lorsqu'il s'est exprimé de vive voix qu'on a cru comprendre que ce serait l'Armée qui va désigner le président de transition, si bien qu'il est nécessaire qu'on ait des clarifications là-dessus ».
La confiance ne s'est pas émoussée
Pour les interlocuteurs, et tout en espérant que ces propos soient une question de langage et non une question de fond, les militaires iraient à l'encontre de leurs propos tenus dès le départ à savoir qu'ils n'ont pas envie de confisquer le pouvoir du peuple. Cette situation, à en croire certains, donne des interprétations diverses mais ne laissent pas lieu à une position quelconque de la société civile par rapport à la ligne de départ. Mieux, à l'issue des échanges avec le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, ils se disent satisfaits parce que l'essentiel est sauvegardé : le principe de la transition civile, le délai, toutes les parties ayant montré leur volonté à travailler à ce que ces deux grands points soient maintenus pour une transition civile le plus tôt possible.
C'est à 18 h précise que le Président en exercice de l'UA a quitté Laïco Hôtel à Ouaga 2000 où se sont tenus les échéances avec les acteurs. « L'Union Africaine dit avoir compris ce qui s'est passé au Burkina ; ce n'est pas un coup d'Etat, c'est une insurrection populaire et démocratique et l'Armée est venue pour sécuriser. L'UA n'est pas là pour donner des sanctions. Son Président est venu d'abord écouter et il a dit qu'il appartient aux Burkinabè eux-mêmes de trouver des solutions idoines au problème », a confié un leader de la société civile, saluant la démarche de l'organisation africaine.
Oumar L. OUEDRAOGO
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