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mardi 31 mars 2015

Grève des chauffeurs : La FENAT déplore la situation et s'excuse auprès des populations


Suite au mouvement de grève enclenché par les chauffeurs à l'initiative de l'URCB (Union des chauffeurs routiers du Burkina), du 30 au 31 mars, la Fédération nationale des acteurs du transport routier du Burkina (FENAT) a tenu une conférence de presse dans la matinée de ce mardi, 31 mars à son siège à Ouagadougou. Objectif principal, présenter ses excuses aux populations, à la clientèle en particulier, et apporter des précisions surtout sur les acteurs à la base du mouvement.




La FENAT regroupe 22 sociétés de transport, dont les grandes sociétés de transport et cinq syndicats, à en croire Bonaventure Kéré, secrétaire général national adjoint et par ailleurs Secrétaire permanent de l'organisation.

D'entrée de jeu, Bonaventure Kéré et Moussa Marcel Sanou, Conseiller juridique de la FENAT, ont tenu à clarifier : « il s'agit d'une grève de chauffeurs et non des transporteurs, comme semblent le confondre certains. Ce mouvement, enclenché lundi, 30 mars pour 48 heures, touche cependant le domaine des transports routiers, du fait du dispositif mis en place par les grévistes.

Et ce, soulignent-ils, malgré le fait que les chauffeurs des sociétés membres de leur fédération n'observent pas le mouvement. Selon Bonaventure Kéré, c'est le vendredi, 20 mars 2015, que la fédération a reçu une note de l'URCB, l'informant d'une grève les 30 et 31 mars. Quatre points de revendication soulevés. Il s'agit de l'application de la convention collective des transports, adoptée en 2011 (affiliation à la caisse nationale de sécurité sociale, CNSS), la réduction du coût du permis de catégorie « E », l'opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé et l'arrêt des tracasseries routières.

Les conférenciers se disent surpris de la tournure prise par la grève parce que, insistent-ils, toutes les sociétés membres de la FENAT sont en règle vis-à-vis de leurs agents en ce qui concernent l'application de la convention collective.


Aucun chauffeur absent


Mieux, déclarent-ils, certaines sociétés sont même allées au-delà de ce que stipule la convention en matière de traitement. Ils en veulent pour illustration, les félicitations que des membres reçoivent régulièrement non seulement de l'administration fiscale mais également de la CNSS. « Aucun chauffeur membre des sociétés membres de la FENAT n'exerce sans être affilié à la CNSS. Tous les membres de la fédération sont en règle vis-à-vis de leurs agents », a affirmé le secrétaire permanent de l'organisation faîtière.

C'est pourquoi, note-t-il, tous les chauffeurs des sociétés membres ont répondu présents à leur service comme d'habitude. « On ne nous a signalés aucun chauffeur absent », ont-ils insisté. Seulement, disent-ils, ils ne pouvaient pas travailler parce que les grévistes ont adressé des ‘'piquets de grèves'' aux sorties des villes pour bloquer le passage ; obligeant les chauffeurs à se soumettre au mouvement.

A en croire Bonaventure Kéré, la surprise de la FENAT est d'autant grande que trois des quatre points soulevés par les grévistes (la réduction du coût du permis de catégorie « E », l'opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé et l'arrêt des tracasseries routières) sont également leur combat et aurait même, de ce fait, pu se mener de concert.

Sur la Convention collective, les conférenciers ont indiqué que la première mouture déposée par l'URCB ne concernait d'ailleurs que les poids lourds ; il n'était pas prévu les chauffeurs, les manutentionnaires, les guichetiers, les mécaniciens dont disposent certaines sociétés, etc. La Convention a été complétée, à en croire M. Kéré, par la FENAT pour prendre en compte ces agents assimilés.


« Refus de dialoguer, des conséquences énormes »


La Fédération dit avoir tenté (dès réception de la « note d'information » de l'URCB le 20 mars) de la convaincre mais en vain. M. Kéré regrette que leur démarche se soit heurtée à la détermination de l'URCB d'aller en grève.

Le Conseiller juridique, Marcel Moussa Sanou, déplore, en plus, que la procédure de conciliation en matière de conflit collectif n'ait pas été suivie. Le mouvement violerait également les principes de liberté d'aller ou de ne pas aller en grève. « On aurait pu s'entendre pour éviter aux populations, ce genre de désagréments. Malheureusement, on a constaté qu'il y avait une volonté d'aller en grève », regrette M. Sanou. « L'économie nationale est déjà fragile, on aurait pu trouver un modus vivendi », a dit M. Sanou.

Estimant également qu'il fallait faire la part des choses en dissociant les chauffeurs des organisations qui respectent les règles de ceux dont les employeurs ne sont pas en règle vis-à-vis des textes. A ce sujet, M. Sanou explique qu'il y a, en outre, des transporteurs qui évoluent dans l'informel et dont le traitement de leurs agents ne respectent pas les normes. De ce fait, relève-t-il, il aurait fallu faire la différence de ces deux types de transporteurs pour ne pas embarquer tout le monde dans le mouvement « avec toutes les conséquences sur les populations et sur l'économie nationale. La SONABEL a subi les conséquences de ce mouvement parce que nos chauffeurs faisaient face aux éventuelles représailles des grévistes ».

Pour la FENAT, l'instauration de l'ordre relève de la compétence de l'Etat qui doit prendre les dispositions nécessaires pour permettre aux citoyens de jouir de leurs droits de base.

Les pertes sont énormes pour les sociétés, indiquent-ils. Elles sont estimées à des centaines de millions car, soulignent-ils, tout le transport national est touché. Mais pour eux, ce qui est préoccupant, c'est l'impact social de ce mouvement. Ils expliquent le calvaire que subissent les clients en attente dans les gares, « certains, ne possédant que la somme de leur ticket et exposés à des conditions d'hygiène déplorables ».

A les croire, pour faire face à la situation, l'ordre a été donné à tous les membres d'assurer la prise en charge des passagers dans les gares jusqu'au dénouement. « Les chauffeurs doivent comprendre que nous ne sommes pas des adversaires, nous sommes des partenaires », conclu M. Sanou, appelant de son vœu que des solutions définitives soient trouvées à travers les rencontres que le ministère de tutelle a prévues tenir avec l'ensemble des parties, dès la semaine prochaine.


Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net





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